Le poker menteur des Brics

ProfilAuteur_AlainFaujas

Publié le 22 mai 2012 Lecture : 2 minutes.

Finance : des groupes africains en pleine expansion
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Finance : des groupes africains en pleine expansion

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On a sûrement rêvé en Afrique à l’annonce, le 29 mars, de la création d’une banque « Sud-Sud » par les Brics (le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud). D’autant que ce projet se double d’un accord immédiatement applicable qui permet à leurs investisseurs d’échanger des contrats à terme sur leurs indices boursiers domestiques. Enfin, le Sud va pouvoir se passer de l’argent du Nord ! Enfin, les pays en développement seront en mesure de snober les institutions de Bretton Woods ! Enfin, l’indépendance financière ! Il faut doucher ce bel enthousiasme.

Quand elle fonctionnera – dans plusieurs années après avoir obtenu la note AAA -, la banque Sud-Sud prêtera en priorité aux pays émergents, c’est-à-dire, en Afrique, à l’Afrique du Sud. Pour les pays moins solides, il n’est pas du tout sûr qu’elle pratiquera des taux plus intéressants que ceux des prêts de la Banque africaine de développement (BAD), des prêts bilatéraux offerts aujourd’hui par la Chine et le Brésil ou, a fortiori, des prêts à taux zéro de la Banque mondiale.

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Quant à l’union boursière, elle aussi ne concernera dans un premier temps que l’Afrique du Sud. Seuls les contrats de l’indice du Johannesburg Stock Exchange seront assez nombreux et attractifs pour intéresser à Hong Kong, par exemple. La formule promet d’être profitable pour les investisseurs des Brics qui y trouveront un moyen de financer à moindre coût leurs projets. Mais elle augmentera la volatilité des cours, et donc les risques…

En fait, il faut voir dans ce projet de banque et cet accord boursier le plus petit commun dénominateur entre les cinq Brics. Incapables de s’entendre sur un candidat à la présidence de la Banque mondiale, opposés en matière commerciale (le Brésil surtaxe les automobiles chinoises) ou politique (l’Inde et la Chine), ils ont trouvé là le moyen de signifier à l’Occident qu’ils pourraient bien se passer de lui s’il ne leur concédait pas un pouvoir accru au sein du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale. Des avancées financières potentielles, mais aussi un poker menteur. 

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