Depuis le 3 avril 2018, les ivoiriens ont accès gratuitement à une quantité d’informations sur le marché de l’emploi national. Elles sont compilées sur une plateforme web baptisée Carte emploi. Mais à quoi sert-elle exactement ?
Visibilité et lisibilité étaient les deux objectifs du projet Carte emploi en Côte d’Ivoire. Le premier but est incontestablement atteint pour ses concepteurs, puisque la plateforme web, financée par la Banque mondiale à hauteur de 192 millions de francs CFA, et qui agrège une quantité de données concernant le marché de l’emploi national, a été lancée en grande pompe mardi 3 avril par le ministre de l’Emploi et de la Protection sociale, Jean-Claude Kouassi. Le second objectif, lui, semble avoir été plutôt négligé.
Repérer les projets qui recrutent
Le site web est divisé en trois modules. L’un est consacré à la gouvernance et requiert un mot de passe. Le second est sûrement le plus intéressant pour les candidats : il fait un suivi des projets pourvoyeurs d’emploi en cours. Pour le moment, il est plutôt monopolisé par les Projets emploi jeune et développement des compétences (Pejedec) de la direction générale de l’emploi (DGE). Le dernier, qui s’intéresse aux données sur le marché du travail est le plus nébuleux : difficile de s’y retrouver dans les multiples indicateurs et critères de sélection des cartes proposées. Et parfois, les informations recherchées ne sont simplement pas disponibles.
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Un outil de communication ?
Censé être utile à la prise de décision, tant du côté des décideurs que chez les chercheurs d’emploi, l’outil Carte emploi est donc en pratique un labyrinthe de données brutes sans grande cohérence. Surtout, il ne prend pas en compte le secteur informel, qui représente encore 30 à 40 % du PIB de la Côte d’Ivoire, selon le FMI. « Je ne comprends pas très bien le but de cette initiative », confie, perplexe, un cadre du Bureau international du travail (BIT) basé à Abidjan.
Recherche scientifique
« La Carte emploi n’est pas faite pour les entreprises qui veulent recruter. Sa valeur ajoutée c’est le fait qu’elle rende publique une quantité importante d’informations », se défend Franck Dogoh Madou, directeur général de l’emploi et porteur du projet. Selon lui, l’outil va trouver son utilité pour des travaux scientifiques : « Bien souvent, des chercheurs nous sollicitent pour des informations qu’ils ne savent pas où trouver. Là, ils ont un outil qui centralise toutes les données dont ils ont besoin », explique Franck Dogoh Madou.
À terme, la Carte emploi sera enrichie par les contributions de nouveaux partenaires comme les ONG. Et le directeur général de l’emploi (DGE) l’assure, un jour, le secteur informel ne sera plus ignoré. Du moins sur cette plateforme.