Dix ans après sa création, l’école de commerce sénégalaise continue de profiter de son alliance avec le groupe Kedge Business School et entame de nouveaux chantiers. Parmi eux, quatre nouveaux diplômes vont être lancés.
Difficile à croire, mais c’est bien un concours de circonstance qui est à l’origine d’une des meilleures écoles de management d’Afrique de l’Ouest. Au début des années 2000, Pape Madické Diop, alors directeur du développement de Sup de Co Dakar croise par hasard le chemin d’Alain Juppé, ex-Premier ministre français et maire de Bordeaux, dans le hall de l’hôtel Pullman de Dakar. La discussion s’enclenche et les deux hommes se rendent vite compte qu’ils partagent une vision commune de l’enseignement supérieur. Rendez-vous est pris. Par l’entremise d’Alain Juppé, Pape Madické Diop rencontre quelques semaines plus tard George Viala, alors directeur de l’école supérieur de commerce de Bordeaux. Dans une des nombreuses salles de la Chambre de commerce et d’industrie bordelaise, ce dernier lui propose d’installer un campus à Dakar. L’aventure est lancée.
Nouveaux diplômes
Depuis, le PDG dakarois et son école fondée en 2008 sont devenus des références nationales et sous-régionales en matière d’enseignement du management. Très attractive, l’école attire 60 % d’étudiants étrangers venus pour la plupart d’Afrique francophone. « 1 000 étudiants sont formés chaque année par un corps professoral international à 50 % », affirme Pape Madické Diop.
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Et l’ambition de cet ancien élève de l’Essec, revenu au Sénégal en 1993, n’est pas prête de s’essouffler. Avec le soutien de ce qui est désormais le groupe Kedge – rapprochement de Bordeaux école de management (BEM) et Euromed Marseille – détenteur de la moitié de l’école, il souhaite tripler l’effectif étudiant de BEM Dakar ainsi que son chiffre d’affaires d’ici 2020. Ce dernier passerait de 3 millions d’euros à 10 millions d’euros.
La souplesse du campus dakarois nous permet d’expérimenter des choses que nous ne pourrions pas faire en France.
Pour y parvenir, la business school fait construire un campus flambant neuf dans la ville de Diamniadio. Il devrait ouvrir ses portes en 2021. Parallèlement, elle diversifie son offre et teste de nouvelles formules. Depuis 2017, elle propose un bachelor hybride en agro-business avec l’école d’ingénieurs Isara, située à Lyon. « Pour ce diplôme on cible des candidats qui ont une appétence pour le secteur agricole et qui n’ont pas peur de jongler entre matières scientifiques et management », précise le PDG de BEM Dakar.
« La souplesse du campus dakarois nous permet d’expérimenter des choses que nous ne pourrions pas faire en France », confirme Stanislas de Bentzmann, président de Kedge Business School. Dans cette continuité, l’école lancera à la rentrée 2019, un autre bachelor hydride en management et ingénierie, cette fois-ci avec l’École supérieure des travaux publics (ESTP). La promotion débutera avec 80 étudiants, sélectionnés à travers toute l’Afrique de l’Ouest et le diplôme sera prolongé par un master l’année suivante.
Formation continue
Parmi nos 1 000 étudiants actuels, seulement 300 suivent une formation initiale.
L’executive education, soit la formation des cadres et cadres dirigeants fait partie des leviers principaux du développement du réseau Kedge. Rien d’étonnant a ce que la formation pour les professionnels soit donc l’activité principale de BEM Dakar. « Parmi nos 1 000 étudiants actuels, seulement 300 suivent une formation initiale », confie Pape Madické Diop. Pour élargir son audience, l’école va lancer en janvier 2019 un MBA digital baptisé Euro-African MBA accessible pour 15 000 euros : « L’enseignement généraliste se fait à 80 % en ligne. Les cours sont compatibles avec une activité professionnelle et rythmés par des séances de regroupements physiques qui auront lieu à Abidjan, Dakar, Paris et Bruxelles », explique Pape Madické Diop.
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L’école surfe également sur des filières en plein développement au Sénégal. Elle vient ainsi d’annoncer la mise en place d’un master en finance islamique d’un volume de 520 heures sous forme de cours du soir : « Les banques au Sénégal se mettent de plus en plus à la finance islamique en proposant des produits halal. La promotion comptera 30 personnes et les cours auront lieu de 18 heures à 20h30, tous les jours plus un samedi sur deux. Nous nous adressons à des personnes occupant des postes de banquier, gestionnaire de portefeuille ou évoluant sur les marchés financiers », détaille le dirigeant de BEM Dakar. Un nouveau défi pour celui qui se définit comme « un académique entrepreneur ».