Depuis 1970, le Centre des métiers de l’électricité (CME) de Bingerville forme des professionnels et étudiants aux métiers de l’électricité. Ces techniciens qualifiés répondent aux besoins d’un secteur en quête de talents.
C’est dans le cadre du programme « Campus Pôle d’Excellence » que la Compagnie ivoirienne d’électricité et le groupe Eranove développe depuis trois ans le Centre des métiers de l’électricité (CME). Il s’agit à l’heure actuelle du premier centre francophone de haut niveau d’Afrique Subsaharienne du Réseau africain d’excellence en électricité (RACEE). Installé sur 25 hectares et 11 000 mètres carré à Bingerville, le CME répond tout d’abord aux besoins en formation de tous les acteurs du secteur de l’électricité désireux de renforcer leur expertise.
« La CIE qui nous chapeaute représente 4 500 employés, explique Paul Ginies, le directeur du CME. Nous avons dû commencer pour nos besoins internes par remettre à niveau nos effectifs après la crise en Côte d’Ivoire. Ces besoins, on les retrouvait dans les compagnies de la sous-région. Puis on s’est aperçu qu’il fallait en même temps former des jeunes et de nouvelles compétences ».
BTS, DUT et licences professionnelles en stock
C’est dans ce sens que le CME propose désormais des formations diplômantes supérieures à 1,4 millions de francs CFA par an (environ 2 134 euros) en plus des frais de dossier fixés à 12 000 francs CFA. Outre la remise en route d’un BTS en maintenance industrielle, la première promotion du BTS électrotechnique est sortie en décembre dernier. Au bout de six mois de stage de fin de cursus, 71 % des étudiants ont été embauchés. « Cette année, nous avons également élargi nos offres de formation avec le soutien de l’AFD pour monter un vrai club entreprises autour d’un DUT froid industriel et génie climatique », précise Paul Ginies.
On couvre toute la chaîne de valeur de l’énergie et de l’électricité.
Le centre développe également des licences professionnelles accessible sur dossier pour des frais allant de 1 050 000 à 1,6 millions de francs CFA (de 1 600 à 2440 euros). À commencer par la licence développement durable et energy manager mise en place en partenariat avec le Cnam afin de permettre aux étudiants d’obtenir un double diplôme à la fois reconnu en Côte d’Ivoire et en France. Il y a par ailleurs quatre autres licences professionnelles : automatisme, régulation et supervision industrielle, contrôle électrique et informatique et industrielle, production d’énergies hydraulique et thermique, et transport et mouvements d’énergie. « On couvre ainsi toute la chaîne de valeur de l’énergie et de l’électricité, poursuit Paul Ginies. C’est un outil pour construire l’économie africaine du futur, le but étant aujourd’hui d’économiser l’énergie ».
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Entreprises partenaires
Pour préserver une certaine égalité des chances, le concours d’entrée est commun avec l’Institut national polytechnique Félix Houphouët-Boigny (INPHB) de Yamoussoukro
Ces DUT et BTS sont accessibles avec un bac scientifique. Pour préserver une certaine égalité des chances, le concours d’entrée est commun avec l’Institut national polytechnique Félix Houphouët-Boigny (INPHB) de Yamoussoukro. Que ce soit pour des stages ou dans le cadre d’une formation continue, le centre dispose d’un réseau d’une vingtaine d’entreprises partenaires comme General Electric, la société sucrière Sucaf, la Société Ivoirienne de Raffinage, le fabricant de ciment Cuirasse et son concurrent Lafarge ou encore Carena dans les opérations de maintenance des navires et Sania pour l’industrie du savon.
« À bac+2 et bac+3, nous avons une forte demande pour les électrotechniciens, les employés polyvalents dans la maintenance ainsi que dans le secteur du froid industriel et génie climatique », indique Paul Ginies.
Formation interactives
Une équipe de huit référents métiers, des agents de CIE et quelques professeurs vacataires sont au service des étudiants et des entreprises. L’équipe pédagogique mise sur des formations interactives en adéquation avec les situations professionnelles et les technologies utilisées dans les entreprises pour rendre les étudiants opérationnels. « On étudie les besoins de formations. On réalise des évaluations de compétences. Et on sait répondre avec des offres sur étagères ou des offres sur mesure en fonction des demandes et des objectifs », explique Konan Attebe, la responsable des relations extérieures pour la CIE.
On cherche à former des techniciens avec une spécialité et une polyvalence, avec une capacité au niveau entrepreneuriat car ce sont des postes qui supposent des évolutions de carrière et de la mobilité.
Autre nouveauté, le CME vient de mettre en place des Certificats de compétences professionnelles. Composés de modules théoriques et pratiques, et de périodes d’immersion en entreprise, ils correspondent chacun à une activité pouvant faire l’objet d’une employabilité. « C’est un dispositif en expérimentation soutenu par le gouvernement ivoirien à travers l’Agence emploi jeunes », assure Paul Ginies.
Parmi les certificats délivrés, se mêlent la maintenance des lignes hautes tensions B (HTB), l’exploitation des postes sources HTB/HTA, la maintenance des réseaux de distribution HTA/BT et l’exploitation des comptages HTA et BT. Ici, le CME entend répondre également aux besoins de plus en plus criants en techniciens et cadres intermédiaires. « C’est tout le but du programme de rapprochement entre les entreprises et les formations. On cherche à former des techniciens avec une spécialité et une polyvalence, avec une capacité au niveau entrepreneuriat car ce sont des postes qui supposent des évolutions de carrière et de la mobilité », commente Paul Ginies.
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Retenir les talents
Un engagement qui vient confirmer la bonne santé du secteur industriel en Côte d’Ivoire. Une convention en faveur de la formation professionnelle a même été signée entre le secrétariat d’État chargé de l’enseignement technique et de la formation professionnelle (SEETFP) et la CIE en mai dernier. De son côté, à travers la signature d’un aide-mémoire, l’Allemagne va apporter à partir du dernier trimestre 2018 un soutien technique de cinq millions d’euros sur une durée de trois ans en faveur de la formation professionnelle dans le domaine des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique en Côte d’Ivoire. « Tout cela va nous permettre de faire en sorte que nos diplômés restent en Côte d’Ivoire », se réjouit Paul Ginies. Espéré pour la rentrée prochaine, un « technolab » est en cours de construction afin de permettre aux étudiants de travailler en équipe sur des expérimentations. Toujours un peu plus immergés dans une école elle-même nichée au cœur d’une entreprise.