Après Casablanca, c’est au tour de l’antenne tunisienne de l’université Dauphine de proposer un master dans la finance islamique. La première promotion sera lancée en janvier 2019.
L’Université Dauphine Tunis lance un executive master intitulé « Principes et pratiques de la finance islamique ». La formation s’adresse à trois types de profils : les salariés d’un niveau Bac+4 (ou Bac+2 avec cinq ans d’expérience professionnelle), les cadres du secteur public ou privé et les étudiants titulaires d’une première année de master (gestion, économie, mathématiques, etc.).
Voyage d’étude au Moyen-Orient
La première promotion se déroulera de janvier à juillet 2019 pour 420 heures de cours – en anglais, en français et, pour partie, en arabe – sanctionné par un voyage d’étude en juin au Moyen-Orient, berceau de la finance islamique et un grand oral en septembre. La cohorte devrait compter une trentaine d’étudiants. Les frais de scolarité s’élèvent à 6 000 euros (environ 18 233 dinars).
Les frais de scolarité s’élèvent à 6 000 euros (environ 18 233 dinars).
Cinq modules
Le programme se divise en cinq modules : principes de la finance islamique (droit musulman des affaires, jurisprudence, audit, etc.) ; principes et pratiques de la banque commerciale islamique (gestion des risques, analyse financière,…) ; principes et pratiques de l’investissement et du financement de projets en finance islamique (enseignement des sukuks, structuration juridique,…) ; principes et pratiques de la gestions d’actifs islamistes et de l’assurance Takaful (gestion d’actifs islamiques, Takaful et pension de retraite, etc.) et enseignements complémentaires (mémoire de fin d’études, grand oral, séminaires et voyages d’études).
>> LIRE AUSSI : Université : la Tunisie parie sur des cursus payants pour attirer les étudiants étrangers
Un marché favorable
Ce master se créé alors que la Tunisie s’ouvre à la finance islamique. En juillet 2016, le parlement a voté une loi bancaire qui, pour la première fois, encadre juridiquement la finance islamique et l’offre aux banques universelles. Aujourd’hui, elle ne représente que 5 % des activités bancaires – contre 20 % dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord – mais pourrait bondir à 15 % d’ici 2022 pour représenter 9 milliards de dinars (3 milliards d’euros). D’ailleurs en 2014 et 2016, les encours des créances islamiques a doublé en Tunisie.
Cet intérêt grandissant pour les produits de la finance islamique assurera une « forte employabilité » pour les étudiants inscrits, se félicite Amina Zeghal, la directrice-général de l’Université Dauphine Tunis.
La croissance de la finance islamique est rapide dans le monde, de l’ordre de 10 % par an entre 2016 et 2017
« La Tunisie a besoin d’argent sous forme d’épargne et d’investissement et le marché international ne suffit plus. Sans oublier la finance traditionnelle, les produits islamiques peuvent nous aider. La croissance de la finance islamique est rapide dans le monde, de l’ordre de 10 % par an entre 2016 et 2017 », précise le Gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Marouane Abassi, lors de la présentation, le 26 juin, du master. En 2016, les experts de la BCT ont bénéficié de la formation, en avant-première.
Également invité, Ahmed el-Karam, président de l’Association professionnelle des banques et établissements financiers, espère que la finance islamique permettra de faire entrer dans le système bancaire de nombreuses familles. Près de trois-quarts des Tunisiens de plus de 15 ans n’ont pas de comptes bancaires.
Un master importé du Maroc
Les enseignements seront dispensés par l’équipe pédagogique de l’Université Paris Dauphine, menée par les co-directeurs Kader Merbouh et Kaouther Jouaber-Snoussi qui dispense les cours de ce master depuis 2009. Ce master existe aussi, depuis 2016, à l’antenne marocaine de Casablanca de l’Université Dauphine. Plusieurs entreprises et institutions participent également au programme comme la banque islamique tunisienne al-Baraka, l’assurance islamique Salama, la Kuwait Finance House, la Banque islamique de développement ou encore la société d’avocats De Gaulle, Fleurance & associés.