La région de Casablanca est la plus dynamique du Maroc et logiquement celle où le marché de l’emploi est le plus actif. Tour d’horizon des secteurs et entreprises qui recrutent.
Chaque année, environ 135 000 personnes espèrent trouver un emploi au Maroc. Mais face à cette demande l’offre ne suit pas, comme l’illustrent les derniers chiffres publiés par le Haut-commissariat au plan (HCP) : entre le deuxième trimestre de 2017 et celui de 2018, 117 000 postes ont été créés. Avec un taux de chômage d’environ 9 %, devenant plus prononcé pour les jeunes diplômés, la recherche d’un travail peut s’avérer délicate mais pas vaine.
Très attractives, Casablanca, l’épicentre de l’économie marocaine regroupe certainement le plus grand nombre d’entreprises en phase de recrutement mais aussi un grand nombre de chercheurs d’emplois. La ville et sa région représentent 26,9 % du PIB du royaume chérifien, devant sa voisine Rabat-Salé-Kénitra (14,9 %).
Le numérique en vedette
Les cabinets de recrutement locaux semblent s’accorder pour dire que le secteur qui recrute massivement en ce moment est celui des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), et plus spécifiquement les métiers liés à l’informatique. Dans ce secteur, les recruteurs les plus gourmands sont les entreprises françaises de service numérique, à l’image d’Atos, Capgemini ou encore Alten à Fès. Ces sociétés, qui connaissent par ailleurs un fort taux de turn-over, recrutent une dizaine de profil mensuellement et puisent dans les écoles d’ingénieurs avant la fin de chaque année.
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Autres secteur dynamiques, l’automobile, l’aéronautique, le ferroviaire et les industries de pointe, qui sont devenus des moteurs pour l’économie du pays. « Ceux qui recrutent sont principalement des équipementiers des différents constructeurs, dans les différentes zones franches de Nouaceur, Tanger et Kenitra », détaille Marc Chalet, responsable recrutement chez Diorh, l’un des acteurs de référence dans les métiers du conseil et du développement en ressources humaines au Maroc.
Parmi les profils les plus demandés, les ingénieurs IT sont les plus facilement insérés dans le marché de travail.
Fonctions support
Outre les nombreux postes qui découlent naturellement de l’essor de ces secteurs, Marc Chalet recense depuis plusieurs mois un besoin pour les fonctions support. « Il s’agit plus précisément des profils middle et top management en finance, ressources humaines et juridiques », précise-t-il.
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Mais parmi les profils les plus demandés, les ingénieurs IT sont les plus facilement insérés dans le marché de travail. « Les formations d’écoles d’ingénieurs assurent généralement une embauche rapide. Celles en marketing, le commerce, les RH ou encore la finance sont elles aussi demandées », assure Philippe Montant, directeur général du site de recherche d’emploi ReKrute.com.
Sur les fonctions seniors, qui requiert l’expertise de chasseurs de tête, les besoins sont différents : « Les postes de managers concernent fortement les secteurs du conseil, des services, de la banque et l’assurance ainsi que l’industrie », explique Malik Touimi Benjelloun, patron du cabinet de chasse de tête Eumatech.
Salaires
Le marché de l’emploi marocain est très hétérogène et ne permet pas d’avoir des statistiques fiables concernant les salaires proposés. Généralement, le candidat négocie d’une façon individuelle avec le recruteur. « Les salaires octroyés aux jeunes diplômés dépendent fortement de la nature de leur formation, mais aussi du type de l’entreprise qui recrute », précise Philippe Montant. Pour les titulaires d’un bac+5 d’une école de commerce, la fourchette des salaires tourne autour de 8 000 dirhams nets (environ 730 euros) et 2 000 dirhams de plus pour les ingénieurs.
« Les multinationales qui sont dans le même secteur s’entendent, d’une façon indirecte évidemment, pour ne jamais dépasser un seuil pour un poste en particulier. Ainsi, le candidat ne peut pas faire monter les enchères, surtout s’il n’a pas d’expérience », pointe un spécialiste des ressources humaines qui a souhaité rester anonyme. Ce dernier précise, par ailleurs, que l’évolution dépend du salarié lui-même et de l’ouverture d’esprit de ses supérieurs.
Généralement, le premier emploi sert à cumuler de l’expérience pour chercher un meilleur point de chute et surtout un meilleur salaire car l’évolution se fait en changeant d’entreprise et très rarement dans la même boite. »
Évolution
« Généralement, le premier emploi sert à cumuler de l’expérience pour chercher un meilleur point de chute et surtout un meilleur salaire car l’évolution se fait en changeant d’entreprise et très rarement dans la même boite. Les supérieurs admettent très rarement que la jeune recrue devienne plus puissante au sein de la structure », analyse le spécialiste.
Il faut dire que pendant de nombreuses années la majorité des employeurs préféraient recruter des candidats expérimentés ayant acquis quelques notions élémentaires chez des concurrents. Cette pratique qui handicape fortement les primo-demandeurs d’emploi a été mise de côté ces derniers temps.
La rentrée est une période qui sert pour le renouvellement des équipes et le remplacement des départs.
Opportunités pour les jeunes diplômés
« En raison notamment de la crise qui a touché le pays en même temps que l’Europe, les entreprises recrutent plus facilement des jeunes diplômés parce qu’ils sont moins chers », avoue Philippe Montant de Rekrute.
Toujours est-il que la rentrée est une période qui sert pour le renouvellement des équipes et le remplacement des départs. Une période d’opportunités pour les 710 000 primo-demandeurs d’emploi comptés par Bank Al Maghrib et parmi eux, les jeunes diplômés.
Le plus difficile pour les candidats, c’est de devoir exécuter des missions en dessous de leurs compétences ou accepter des salaires jugés bas par rapport à leur niveau de formation. Dans le cas des fonctions support, les recruteurs avouent que la demande abondante provenant d’écoles marocaines comme l’École nationale de commerce et de gestion (ENCG) ou encore l’Institut supérieur de commerce et d’administration des entreprises (ISCAE), permet de faire jouer la concurrence et de réduire les salaires proposés aux primo-demandeurs.
« Il faut alors accepter de faire certains compromis pour démarrer car le plus important c’est de mettre le pied à l’étrier pour pouvoir ensuite faire ses preuves sur le terrain et évoluer. Un recruteur sera encore plus attentif aux réalisations professionnelles du candidat expérimenté qu’il aura en face de lui qu’à la formation académique qu’il aura suivie », conclut Malik Touimi Benjelloun.