Outre le secteur public, Rabat-Salé-Kénitra se démarque aussi par le dynamisme de l’offshoring et l’implantation récente du secteur automobile. Tour d’horizon des opportunités d’emploi dans le privé.
Capitale administrative du royaume chérifien, Rabat semble être un bassin d’emploi idéal pour qui souhaite évoluer dans la fonction publique. Mais la métropole et sa région attirent aussi les entreprises privées. En contribuant à 16 % de la richesse nationale, la région Rabat-Salé-Kénitra arrive à la deuxième place des régions les plus dynamiques du Maroc, derrière Casablanca-Settat (32 % du PIB).
Kénitra : la chasse aux ingénieurs
« C’est à Salé, avec le Technopolis, et Kénitra, avec sa zone franche dédiée en grande partie à l’automobile que se trouve le dynamisme de la région », observe Jamal Boumiloud, PDG et fondateur du site de recrutement Marocadres.com. Selon lui, la grande partie des postes à pourvoir dans ces zones concernent des ingénieurs plutôt expérimentés, notamment dans la production et les process.
>> LIRE AUSSI : Emploi au Maroc : les secteurs qui recrutent à Casablanca en 2018
« On assiste à un recrutement massif d’ingénieurs jeunes et confirmés spécialisés dans les systèmes embarqués. Les techniciens, ingénieurs qualité ou managers de production sont aussi très courtisés », souligne de son côté Khadija Boughaba, dirigeante du cabinet Invest RH.
Le constructeur automobile français PSA vient par exemple d’annoncer le recrutement de 2 500 personnes.
Si ces profils sont autant recherchés, c’est parce que de nouveaux entrants ont récemment fait leur apparition dans les secteurs de l’automobile, de l’aéronautique et du ferroviaire : « Ces acteurs ont besoins de recruter toute la ligne de management », souligne Khadija Boughaba. Le constructeur automobile français PSA vient par exemple d’annoncer le recrutement de 2 500 personnes. Elles viendront prêter main forte au projet de doublement de la capacité de l’usine de Kénitra qui a débuté sa production en juillet 2018. 17 postes cadres sont actuellement à pourvoir sur son site dédié au recrutement, la plupart pour des ingénieurs, mais aussi en RH, comptabilité, achat ou gestion. En 2020, ce sera autour de Bombardier de créer de l’emploi. La branche ferroviaire du constructeur d’avions et de trains va en effet implanter une usine de 140 000 mètres carrés devant accueillir 2 000 personnes.
« L’autonomisation des lignes de production est un secteur qui émerge et qui nécessite des profils spécialisés en informatique industrielle ou en robotique »
Au-delà des usines phares, la zone franche de Kénitra, baptisée « Atlantic free zone » fait vivre des activités annexes au secteur comme les sociétés d’équipements automobiles. Parmi elle, l’américain LEAR, spécialisé dans le câblage automobile a mené une campagne de recrutement de 600 opérateurs de câblage en janvier. Filiale du groupe éponyme français, Saint-Gobain Sekurit qui produit des vitres de véhicules est elles aussi présente à Kénitra.
>> LIRE AUSSI : Maroc : l’embellie économique soutient le marché de l’emploi
Parallèlement à ces différentes activités, une industrie de pointe se développe : « L’autonomisation des lignes de production est un secteur qui émerge et qui nécessite des profils spécialisés en informatique industrielle ou en robotique », affirme la dirigeante d’Invest RH.
Beaucoup de cabinets RH spécialisés sur le secteur sont en ce moment fondés par des anciens de ces métiers ».
Salé : Technopolis et offshoring
Autre secteur, autre zone. L’offshoring, qui emploie environ 65 000 personnes au Maroc, est implanté en grande partie au sein du pôle Technopolis de Salé, au nord de Rabat. Les entreprises françaises Axa et Capgemini, la canadienne CGI, le géant américain Amazon ou encore Genpact et Percall Développement y occupent des milliers de mètres carré de bureaux. « Ce sont eux qui recrutent le plus de cadres, notamment sur les fonctions support », note Reda Ait Salah, directeur associé du cabinet Interface RH. Une observation confirmée par la dirigeante d’Invest RH : « Beaucoup de cabinets RH spécialisés sur le secteur sont en ce moment fondés par des anciens de ces métiers ».
Rabat : l’essor de la finance islamique
En moyenne chez les big four, les jeunes diplômés d’école de commerce […] peuvent espérer toucher entre 8 000 et 10 000 dirhams net par mois.
Chez les cadres, un autre bouillonnement se fait ressentir dans Rabat même : celui de la finance islamique, aussi appelée banque participative. « Al Baraka pour le microcrédit ou Umnia Bank [filiale de CIH Bank et Qatar International Islamic Bank, Ndlr] pour la banque participative sont de gros employeurs », remarque Reda Ait Salah qui, au sein de son cabinet, recrute principalement des candidats de cinq d’expérience en moyenne pour des postes de managers intermédiaires en finance marketing ou comptabilité. Historiquement implantés dans le centre-ville de la capitale, les sièges de Diana Holding, entreprise d’agroalimentaire et du distributeur Label’Vie recrutent eux aussi. Ce derniers recherche actuellement deux spécialistes des systèmes d’information.
>> LIRE AUSSI : [Tribune] Au Maroc, un droit à la formation méconnu et mal ciblé
La capitale profite enfin de la présence des big four. Les quatre plus gros cabinets d’audit que sont Deloitte, EY, KPMG et PwC recrutent eux aussi régulièrement. « Comme les banques, ces entreprises sont des exemples de stabilité au niveau de leur planification des recrutement et des salaires qu’elles proposent », souligne le dirigeant d’Interface RH. En moyenne sur ces secteurs, les jeunes diplômés d’école de commerce à la recherche d’un poste dans le conseil ou l’expertise comptable peuvent espérer toucher un salaire compris entre 8 000 et 10 000 dirhams net par mois. Pour sa part, un profil qui cumule trois à cinq ans d’expérience peut espérer 15 000 à 20 000 dirhams net par mois. Enfin, les profils plus seniors peuvent monter à 50 000 dirhams net par mois », conclut Reda Ait Salah.
Profils IT : l’équation impossible
Au Maroc comme ailleurs, la compétence qui manque le plus est celle de l’expertise IT. Selon Reda Ait Salah, directeur associé de d’Interface RH, cette pénurie a deux raisons : « La première, c’est que ces profils ont plus intérêt à travailler en freelance parce que les salaires en CDI ont très peu évolué dernièrement. À titre d’exemple, un professionnel qui cumule quatre ou cinq ans d’expérience sur SAP peut espérer un salaire net de 15 000 à 20 000 dirhams par mois en CDI quand un freelance facture 2 500 à 3 500 dirhams la journée. La seconde c’est la fuite des cerveaux qui sont captés par la France, la Suisse, la Belgique ou encore le Canada », résume le recruteur.