DG d’une société de conseil en transformation numérique et fondateur de BeoogoLAB, un incubateur de start-up, rien ne prédestinait le jeune Mahamadi Rouamba à devenir entrepreneur. Portrait.
Quand il s’inscrit en sociologie, à l’Université de Ouaga 1, Mahamadi Rouamba est à mille lieux de penser qu’un jour il deviendra un entrepreneur du numérique. C’est pourtant via cette discipline qu’il commence à s’intéresser à l’influence des technologies de l’information et de la communication sur les dynamiques sociales et à l’impact de la société sur leur évolution. « Je connaissais mieux cette discipline que les autres pour avoir travaillé dessus au lycée, lors d’un exposé », se remémore l’entrepreneur burkinabé pour expliquer son choix.
Par la suite, il intègre l’université Aube Nouvelle à Ouagadougou pour suivre un master en gestion de projet, ce qui consolide son profil de futur entrepreneur. En 2013, il prend la tête de Ticanalyse, une société de conseil en transformation numérique. Avec une équipe d’une quinzaine de personnes, il créé des solutions web, développe des applications mobiles et accompagne le développement de start-up.
Ses réalisations demeurent marquées par sa formation de sociologue.
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Des projets par dizaine
Ses réalisations demeurent marquées par sa formation de sociologue, témoin des difficultés et des besoins de ceux qu’il observe. L’une d’elle, baptisée mHealth Burkina, est une application mobile dédiée à la lutte contre le taux élevé de mortalité infantile en milieu rural. Une autre prend la forme de plateforme d’information et de sensibilisation de la jeunesse sur l’éducation sexuelle. Ses travaux sont remarqués, ce qui lui donne l’opportunité d’intervenir dans plus de soixante projets commandités par l’État burkinabé, des associations ou encore des organismes nationaux et internationaux.
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De l’entreprise au mentorat
En parallèle, Mahamadi Rouamba assume un rôle de mentor motivé par un constat qu’il détaille : « Quand les jeunes débutent leurs projets, les fonds d’investissement et les banques attendent qu’ils soient crédibles avant d’injecter leurs sous. Mais personne ne les accompagne pour qu’ils soient prêts ». C’est pourquoi il créé en 2015, BeoogoLab, un incubateur de start-up qui accompagne des jeunes porteurs de projets innovants grâce à une méthodologie structurée en trois étapes : la maturation, qui consiste à transformer une idée en projet concret. L’incubation, qui consiste à élaborer les modèles d’affaires et à affiner les propositions de valeur. Et l’accélération, qui consiste à élaborer le business plan et à financer la création de l’entreprise grâce à un fonds de capital-risque.
Dès le début nous faisons confiance au porteur de projet et lui apportons les ressources et l’accompagnement nécessaires pour que son projet soit crédible et qu’il puisse créer son entreprise. »
« Dès le début nous faisons confiance au porteur de projet et lui apportons les ressources et l’accompagnement nécessaires pour que son projet soit crédible et qu’il puisse créer son entreprise », explique Mahamadi Rouamba. Les projets qu’il accepte doivent prévoir la conception et le développement entier de la technologie qu’ils exploitent, mais celle-ci ne doit pas être au cœur de la production de valeur. Ce n’est pas tout. Les business doivent également être « scalables et répétables ». En d’autres termes les porteurs de projets « doivent pouvoir augmenter le nombre de leurs clients sans avoir recours à trop d’investissements supplémentaires », explique-t-il. Un moyen pour lui de s’assurer que les projets qu’il accompagne seront utiles et pérennes. La société, Mahamadi l’a désormais comprise. Il veut désormais en être acteur.