La croissance ne profite pas à l’emploi des jeunes marocains et la situation devrait empirer si l’on en croit deux récentes études sur le sujet.
Observée mois par mois, le marché du travail marocain pourrait donner l’illusion d’être en plein boom. Hélas, le constat semble moins vrai sur le long terme. Deux récentes études sur le sujet concluent que la galère de l’emploi est loin d’être terminée pour les jeunes marocains. Révélée le 17 octobre par le magazine TelQuel, la première est issue de la Direction des études et prévisions financières (DEPF) qui dépend du ministère de l’Économie et des Finances du royaume. Parue sous le titre « Le contenu en emploi de la croissance économique au Maroc », elle conclut à partir de l’analyse de plusieurs travaux que la croissance économique nationale est de moins en moins créatrice d’emplois, notamment pour les 15-36 ans.
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Les seniors mieux lotis
En termes d’offres d’emplois disponibles, les auteurs montrent que les actifs marocains âgés entre 45 et 59 ans profitent davantage des périodes de croissance que leurs cadets. Pour les premiers, l’indice d’élasticité, qui exprime la corrélation entre création d’emploi et croissance est de 1,9 contre 0,36 pour les 25-34 ans. Les plus jeunes (15-24 ans) connaissent une élasticité négative à -1,2, pouvant s’expliquer par deux raisons : l’allongement de la durée des études ou le fait qu’à cet âge, ceux qui travaillent sont moins diplômés et peinent à trouver un emploi dans l’économie formelle.
Un marché débordé
La seconde étude est tournée vers l’avenir et ne prédit rien de bon. Publiée par le Centre marocain de conjoncture, elle estime que d’ici 2030, cette tranche de la population va continuer d’augmenter et exercer une pression d’autant plus forte que le marché de l’emploi ne pourra pas absorber sa demande.
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PME précaires
Pour expliquer ces faiblesses, la DEPF affirme que les secteurs les plus pourvoyeurs d’emploi (agriculture, BTP, commerce et bâtiment) et qui représentent 70 % de la population active, sont à « faible effet multiplicateur ». En d’autres termes, à nombre égal d’emplois créés, l’investissement financier doit être plus important dans ces secteurs que dans d’autres, ce qui découle sur un déficit des gains de productivité.
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L’organe ministérielle pointent également la précarité du tissu économique. Celui-ci est composé à 95 % de PME dont la durée de vie est trop courte pour pouvoir grandir et entamer des campagnes de recrutement significatives. Résultat : bien qu’elles soient largement majoritaires, elles n’emploient que 46 % des salariés marocains.