Interview

Abdelaziz Mouhajir – Renault Maroc : « 90 % de nos postes clés sont occupés par des Marocains »

Partenariats académiques, centre de formation, hauts potentiels, Abdelaziz Mouhajir, DRH de Renault Maroc, dresse le bilan de la politique de formation d’une main d’oeuvre locale entamée par le constructeur automobile français dès 2012.

Par - à Maroc
Mis à jour le 12 novembre 2019
L’usine Renault de Casablanca. © Abdeljalil Bounhar/AP/SIPA/2013.

Abdeljalil Bounhar/AP/SIPA/2013.

Partenariats académiques, centre de formation, hauts potentiels, Abdelaziz Mouhajir, DRH de Renault Maroc, dresse le bilan de la politique de formation d’une main d’oeuvre locale entamée par le constructeur automobile français dès 2012.

Bien implanté dans le royaume, notamment grâce à ses deux usines de Casablanca et Tanger, Renault Maroc est depuis son arrivée en 2012 très engagé dans la formation d’une main d’œuvre et d’un management local. Dans cette logique, le constructeur français a signé mi-décembre un partenariat avec l’École Mohammadia d’ingénieurs pour encourager la formation dans les métiers de l’industrie automobile. Directeur des ressources humaines de Renault Maroc, Abdelaziz Mouhajir revient pour Jeune Afrique sur les détails de ce partenariat et les résultats de cette politique de développement des compétences marocaines.


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Vous venez de signer un partenariat avec l’École Mohammadia d’ingénieurs. En quoi consiste-t-il ?

Notre ambition est de mettre l’expérience et la culture automobile, au centre du parcours académique des ingénieurs issus de l’école Mohammadia d’ingénieurs. Ce partenariat se concrétise à travers plusieurs axes : la mise en adéquation des formations académiques aux besoins du secteur et le développement de compétences très pointues en fonction des évolutions et innovations dans le secteur. Le partenariat prévoit également l’organisation de colloques et de séminaires de formation animés par des professionnels et naturellement l’enrichissement de l’offre d’opportunités de stages au sein des différentes entités du groupe. Et à partir de janvier 2019, une chaire doctorale sera lancée par les deux institutions autour des enjeux énergétiques et environnementaux de Renault Maroc.

Ce partenariat prévoit-il des recrutements d’ingénieurs diplômés de l’école pour les sites de Renault au Maroc ?

Dans le cadre de cette convention, des mécanismes sont mis en place, afin d’identifier les meilleurs talents et leur offrir les meilleures opportunités au sein des entités de Renault Maroc, tenant compte des besoins du groupe. D’ores et déjà, 60 % de nos cadres sont des ingénieurs dont une quarantaine sont lauréats de l’École Mohammadia d’ingénieurs.

Abdelaziz Mouhajir, DRH de Renault Maroc © Renault Maroc/2018.

Abdelaziz Mouhajir, DRH de Renault Maroc © Renault Maroc/2018.

Quelles sont vos perspectives de recrutement sur les fonctions cadre et cadre supérieur pour 2019 ?

Notre stratégie est d’attirer les meilleurs talents au sein de notre groupe et d’intensifier le développement de leurs compétences. Nous avons besoin d’ingénieurs de différentes spécialités : mécanique, électronique, mécatronique, qualité, génie logiciel, informatique, génie industriel, automatisme, robotique mais aussi des nouveaux métiers liés au digital, au marketing et au commerce.


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Comment repérez-vous les profils à haut potentiel et comment les préparez-vous aux postes de direction ?

Nous avons des programmes spécifiques tels que le graduate program pour les métiers de l’ingénieur ou le RCM (Renault commerce Maroc) Renault Expérience pour les métiers du commerce. Ils sont conçus pour accélérer en deux ou trois ans le développement de nos jeunes talents et les accompagner vers des responsabilités importantes.

En ligne avec la stratégie RH du groupe, un processus de mangement des talents est déployé pour toutes les activités et entités. Grâce à cela, nous identifions les potentiels en interne et les accompagnons dans le développement de leurs compétences.

Dans le cadre de comité de carrière périodique, nous construisons pour chacun d’eux un plan de développement individuel. Nous déployons des approches et des leviers divers comme l’assessment, les mises en situation, les escape games, la prise en charge de projets transverses, la définition de parcours de formation ou encore des expériences à l’international.

La mobilité professionnelle est structurée à travers la mise en place de parcours d’évolutions de carrières et des passerelles complémentaires entre métiers. Depuis quelques années, plusieurs de nos talents ont ainsi pu bénéficier de mobilités au sein de leurs métiers d’origine, ou en dehors de leur métier.


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Que sont devenus les techniciens et cadres formés à Tanger mais aussi en France ?

Au démarrage de l’usine de Tanger en 2012, un effort de formation considérable a été fourni notamment à travers l’Institut de formation aux métiers de l’automobile (IFMIA), fruit d’un partenariat public-privé. Il a pour mission d’assurer au personnel composé d’opérateurs, de techniciens et de cadres, des formations qualifiantes à l’embauche et des formations continues afin de répondre aux besoins en compétences de l’usine de Renault à Tanger.

Ces dernières années ont été marquées par de multiples promotions internes : les postes clés sont couverts à 90 % par des Marocains alors qu’ils ne dépassaient pas les 40 % en 2012. En outre, plus de 50 collaborateurs évoluent actuellement à l’international et assurent des responsabilités au sein des entités du groupe Renault, dans plusieurs pays à l’étranger. Ils assurent des postes de directeurs de la fabrication et de l’ingénierie, finance, gestion, marketing, de digital manager, project managers officer, d’expert SI, coach, etc.

Comment gérez-vous la guerre des talents depuis l’arrivée de PSA ?

Aujourd’hui, le management des talents est impacté par un environnement de plus en plus concurrentiel, où de nouveaux acteurs s’ajoutent à nos compétiteurs traditionnels, mais nous sommes confiants de par notre capacité à comprendre les besoins de nos collaborateurs, les anticiper pour y répondre en continu à travers un plan d’action pluriannuel.

La première motivation, c’est que chacun constate le fruit de sa contribution et en soit fier. Notre valeur ajoutée est d’offrir à nos collaborateurs un environnement flexible et collaboratif qui permet à chacun d’être mobile, autonome et connecté.

Nous mettons en place tous les moyens pour faciliter au collaborateur sa mobilité, son ouverture au monde extérieur, sa quête d’information, sa recherche d’inspiration, sa prise d’initiative, le partage de ses idées et son chemin vers l’autonomie.


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Quel regard portez-vous sur la formation des ingénieurs au Maroc ?

Le Maroc a de grandes écoles qui dispensent des formations d’excellente qualité. Le royaume forme plus de 10 000 ingénieurs qui intègrent des structures industrielles de haut rang. Au sein de Renault Maroc, les ingénieurs formés dans les écoles du royaume assurent des postes à responsabilité dans différents domaines de compétences.

Le Groupe Renault Maroc continuera d’accompagner cette dynamique, à travers des initiatives telle que le partenariat que nous construisons avec l’EMI et à travers d’autres initiatives innovantes ; ainsi pour contribuer aux renforcements des compétences sur les soft skills et les compétences managériales, nous avons mis en place, depuis 3 ans une école de management qui a pour mission d’accompagner nos jeunes ingénieurs dans leur développement.