Soutenue par les gros bonnets de la Silicon Valley, la start-up implantée dans quatre pays du continent annonce la réception de 100 millions de dollars levés par l’ancien vice-président des États-Unis, Al Gore.
Elle veut avoir formé et placé 100 000 développeurs dans dix ans et tient une cadence soutenue pour y parvenir. Après l’annonce de son implantation à Kigali dont l’ouverture effective est prévue ce début d’année, la start-up américaine Andela, spécialisée dans la formation et le placement de développeurs africains pour le compte de grandes entreprises de la tech mondiale, vient d’annoncer la réception d’un investissement de 100 millions de dollars de la part de Generation Investment Management, un fonds cofondé par le milliardaire et ex-vice-président américain Al Gore.
Formation payée
Au croisement de la formation et de la sous-traitance, l’entreprise dont le siège social est à New York, a développé un modèle unique : recruter et former gratuitement pendant six mois à temps plein, des apprenants, débutants ou non, puis revendre leurs compétences à une entreprise partenaire. Payés par Andela, les développeurs s’engagent ainsi pendant trois ans et demi chez le partenaire et alternent entre activité professionnelle rémunérée et formation. De son côté, la start-up américaine se finance en prélevant un pourcentage du salaire facturé à ses clients. Parmi eux de grands noms de la tech internationale comme Microsoft, IBM, GitHub, Safaricom ou Pluralsight. 800 développeurs ont été placé depuis sa création en 2014.
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Main d’oeuvre moins coûteuse
Seul 0,7 % des candidats intègrent Andela. Et pour former plus rapidement une masse toujours plus importante de codeurs, la start-up a lancé en parallèle un programme baptisé « Andela learning community » avec l’aide de formations développées par Google et Microsoft pour le Nigéria et le Kenya et plus récemment avec Openclassrooms pour le Rwanda et la Tanzanie. Une façon pour la start-up de constituer un vivier prêt à passer les tests pour le programme de quatre ans.
Le modèle intéresse évidemment les entreprises de la tech en mal de main d’œuvre sur des compétences très recherchées et coûteuses. Rien qu’aux États-Unis, le secteur a besoin de créer 796 800 postes d’ici 2020. Répondant parfaitement à cette demande exponentielle avec une offre compétitive (au Nigeria par exemple, un développeur gagne en moyenne 14 100 dollars par an contre 49 000 dollars en moyen dans le reste du monde) Andela n’a donc pas tardé à attirer les plus gros investisseurs de la Silicon Valley.
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Soutien de la Silicon Valley
En 2016, l’entreprise fondée par les Nigérians Iyinoluwa Aboyeji, Nadayar Enegsi, le Camerounais Brice Nkengsa et les nord-américains Christina Sass, Ian Carnevale et Jeremy Johnson, clôture un premier tour de table (série B) de 40 millions de dollars, dont 24 millions apportés par la Chan Zuckerberg Initiative, l’entreprise philanthropique du patron de Facebook. À ses côtés GV, le fonds d’investissement de Google et Spark Capital, qui a aussi investi dans Twitter, Slack ou encore Niantic – l’éditeur à l’origine du succès Pokémon Go, apportent aussi leur soutien.
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Un an plus tard, c’est au tour de CRE Venture Capital, Salesforce Venture, DBL Partners, Amplo VC et TLcom Capital d’apporter à nouveau 40 millions de dollars sur la table (série C). Après Lagos en 2014, la société, financièrement confiante, a ouvert une antenne à Nairobi en 2015 puis à Kampala en 2017. Plus récemment, des rumeurs concernant une implantation physique au Caire ont commencé à émerger. Contacté par Jeune Afrique Emploi & Formation, la start-up n’a pas confirmé cette information. Nulle doute que l’investissement d’Al Gore dynamisera davantage le développement d’Andela. Mais malgré un capital-risque porté désormais à 180 millions de dollars, Andela n’est toujours pas rentable cinq ans après sa création.