Aucune université africaine ne figure au Global MBA Ranking 2019, publié le 27 janvier par le Financial Times. Plusieurs causes expliquent cette absence qui dure depuis trois ans.
Chaque année, le quotidien financier britannique Financial Times (FT) publie le « Global MBA Ranking », un top 100 des meilleurs MBA à travers le monde. Et chaque année depuis 2016, aucun MBA purement africain ne figure au palmarès.
Le dernier établissement à se distinguer était l’université du Cap (UCT) en Afrique du Sud. Le MBA de sa « Graduate school of business » a figuré aux classements de 2013 (74ème), 2014 (59ème) et 2015 (52ème), grignotant chaque année plusieurs places avant de retomber à la 76ème place en 2016 et de disparaître à partir de 2017.
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Pourquoi une telle hécatombe ?
Le continent ne manque pourtant pas d’écoles et universités fournissant des enseignements de qualité. Comme partout dans le monde, elles sont de plus en plus nombreuses à proposer des Masters of business administration (MBA), des diplômes destinés aux cadres ou étudiants qui souhaitent gagner en compétences managériales et se préparer à occuper des postes de direction.
Pour être éligible à participer au classement, une école doit être accréditée AACSB ou Equis.
Alors qu’est ce qui explique l’hécatombe au classement du FT ? Une première explication se trouve dans les récents mouvement de fusion et regroupements d’écoles. En s’alliant, celles-ci gagnent en efficacité et optimisent leurs coûts ainsi que leur offre. « De leur côté, des établissements qui sont restés sur le même modèle comme UCT, se retrouvent déclassés sans pour autant avoir baissé en niveau », analyse Tawhid Chtioui, directeur général du groupe EMLyon.
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Un autre élément de réponse se trouve dans la méthodologie utilisée par le titre de presse. « Pour être éligible à participer au classement, une école doit être accréditée AACSB ou Equis », indiquent les auteurs de l’étude sur le site Internet du quotidien. Or, parmi les 800 établissements détenteurs du label international AACSB, seuls six sont purement africains. Quant aux label Equis, seuls trois écoles du continent le détiennent.
Pourquoi les établissements africains ne sont pas accrédités ?
Ces labels font la part belle à la quantité et au prestige international des revues dans lesquels publient les enseignants. Mais la capacité à publier des recherches dans les meilleures revues scientifiques nécessite des investissements financiers et humains que de nombreuses écoles du continent, privées ou non, ne peuvent s’offrir. « Le marché des enseignants chercheurs s’est incroyablement internationalisé ces cinq dernières années, ce qui permet aux établissements les plus puissants financièrement de constituer un corps professoral capable de publier dans les revues de la liste FT », explique Tawhid Chtioui, directeur général de l’EMLyon.
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Par ce seul critère, le Financial Times écarte donc certains établissements africains de très bon niveau, dont certains figurent par ailleurs dans d’autres classements spécialisés, comme celui du magazine Times Higher Education ou de la société QS Quacquarelli Symonds.
L’alternative française
L’Afrique n’est pour autant pas totalement démunie en matière de MBA au standards occidentaux. L’implantation d’écoles françaises durant la dernière décennie rend possible l’accès à une poignée de ceux qui figurent au palmarès du Financial Times. Au Maghreb et en Afrique sub-saharienne, HEC Paris et EMLyon, respectivement 19ème et 80ème du classement 2019, proposent toute deux des Executive MBA à destination des professionnels. En revanche, l’Essec (93ème) qui est installée à Rabat depuis 2017, ne propose qu’une formation niveau Bac+3.