Résultat d’un partenariat entre la France et la Tunisie. L’établissement ouvrira ses portes à la rentrée 2019 et veut capter des centaines d’étudiants tunisiens, subsahariens et européens.
Mi-février à Paris, un protocole d’accord entre les ministres tunisien et français de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a été signé pour la création de l’Université franco-tunisienne pour l’Afrique et la Méditerranée (UFTAM).
Près de 250 étudiants composeront, à la rentrée 2019, la première cohorte de cet établissement conçu pour être un véritable lieu de savoir capable d’accueillir, de former et d’héberger plusieurs centaines d’étudiants tunisiens, subsahariens et européens. Le projet se veut donc plus ambitieux que le campus franco-sénégalais qui doit également ouvrir ses portes à la rentrée prochaine.
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Inscriptions au mois de mai
« L’UFTAM se distingue par une triple ambition : attractivité, excellence et innovation », détaille Sophie Renaud, directrice de l’Institut français de Tunisie et conseillère de Coopération et d’action culturelle auprès de l’ambassade de France en Tunisie. Les inscriptions devraient démarrer à partir du mois de mai.
L’UFTAM souhaite rapidement se focaliser sur les enseignements spécifiquement adaptés aux besoins des entreprises tunisiennes.
L’université délivrera ses propres diplômes reconnus par les établissements partenaires. Ces derniers sont, pour le moment, les universités de Tunis, Manar et Carthage côté tunisien et l’école d’ingénieurs ENSTA Paris-Tech, les universités de Panthéon-Sorbonne, Paris-Dauphine, Aix-Marseille et Paris-Saclay côté français. Des discussions sont également avancées avec l’université Nice Sofia-Antipolis.
Un rôle complémentaire
Pour cette première année, seront aux programmes des formations sur le numérique et les systèmes d’information ; les sciences exactes ; les sciences de l’environnement et les sciences humaines et sociales. L’université proposera des licences et masters inexistants en droit et économie, droit et gestion ou droit et science politique. La Tunisie ne propose pas de formation qui mêle ces disciplines. L’objectif est aussi d’attirer les étudiants français du côté sud de la Méditerranée en offrant des cursus directement liés aux enjeux de la région comme l’eau ou les énergies renouvelables et lui facilitant l’apprentissage de la langue arabe.
L’UFTAM souhaite rapidement se focaliser sur les enseignements spécifiquement adaptés aux besoins des entreprises tunisiennes, notamment celles présentes en Afrique afin de faciliter l’employabilité des jeunes diplômés, dont le taux de chômage a atteint 28,8% en 2018. Une étude, dont les résultats sont attendus en septembre, doit lister ces besoins.
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Excellence
Les étudiants seront admis sur dossier après une sélection assez sévère pour développer une réputation d’excellence. Les étudiants tunisiens ne paieront pas la scolarité ou se verront attribuer de fortes bourses. Le montant des frais de scolarité des étudiants étrangers n’a pas encore été défini, « mais cela ne dépassera pas ce que proposent les établissements privés ici », assure Sophie Renaud. Les professeurs, payés par l’UFTAM, seront les enseignants des établissements d’enseignements supérieurs partenaires.
Le budget initial est estimé à environ un million d’euros.
Les cours seront dispensés à Hammam Chatt, à 20 kilomètres au sud de Tunis, dans les anciens locaux de l’institut supérieur de l’animation de la jeunesse et de la culture, qui dépend de l’Université de Tunis. Surtout, un terrain mitoyen pourrait être préempté par le ministère de l’Enseignement Supérieur afin de construire le campus de l’UFTAM avec hébergement, lieux culturels, restaurants, etc.
En attendant que la forme juridique définitive soit entérinée après les conclusions du rapport, une association de préfiguration est en cours de constitution. Les ministres de l’Enseignement supérieur ont désigné le recteur de l’académie de Paris, Gilles Pécout, et le président de l’université de Tunis, Habib Sidhom pour gérer le démarrage de l’UFTAM. Le budget initial est estimé à environ un million d’euros. Par la suite, l’université fera appel au secteur privé en plus du financement public. L’idée de l’UFTAM s’est concrétisée lors de la venue du Premier ministre Edouard Philippe à Tunis en octobre 2017.
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Outil d’influence
Pour la France, il s’agit de faire rayonner l’enseignement hexagonal alors que la décision d’augmenter les frais de scolarité pour les étudiants étrangers fait polémique et que la langue française est de moins en moins attractive au détriment de l’anglais ou de l‘allemand même dans les pays de tradition francophone.
Pour la Tunisie, qui accueille le Sommet de la francophonie en 2020, il s’agit de concrétiser la volonté politique de faire du pays une plateforme entre le continent et l’Europe notamment dans le domaine de l’éducation. Le ministre de l’Enseignement Supérieur, Slim Khalbous, diplômé de l’Université de Toulouse (1994), considère la réussite de l’Université franco-tunisienne pour l’Afrique et la Méditerranée, comme une priorité.