Rencontrée au Forum des diasporas africaines, qui s’est tenu le 21 juin à Paris, Deffa Ka, manager au cabinet de recrutement Fed Africa, livre quelques conseils et pièges à éviter pour les candidats au retour.
Diplômée de l’université Paris Nord et titulaire d’un bachelor de l’Institut Africain de management (IAM) de Dakar, Deffa Ka a débuté sa carrière au sein de la société de conseil et agence de notation française SMBG, spécialisée dans l’enseignement supérieur. Après un peu plus de trois ans au sein de l’école de management parisienne ESCP Europe, elle intègre Jeune Afrique Media Group en tant que chef de projet pour l’activité événementiel. Elle y passe un an avant d’intégrer Fed Africa en 2016.
Quelles difficultés rencontrent les candidats à l’expatriation ?
J’entends souvent : « je postule à des offres mais je n’ai pas de retours ». Déposer un CV ou répondre à une offre, est aujourd’hui une action commune. Il faut être plus proactif car la concurrence est rude sur le continent. Les membres de la diaspora n’en ont pas toujours conscience. Il faut se défaire du culte du super-héros et venir en redoublant d’humilité. L’Afrique dispose déjà de nombreuses ressources au niveau local. Au Sénégal, plus de 300 000 jeunes arrivent par exemple sur le marché de l’emploi chaque année. La plupart des profils ont acquis des expériences dans plusieurs pays africains, au Ghana ou en Côte d’Ivoire. Cette mobilité est très valorisée. Mais les candidats de la diaspora peuvent aussi tirer leur épingle du jeu. Ils sont notamment très prisés pour leur connaissance des codes occidentaux et leur double culture. Il y a une vraie émulation de la part des recruteurs autour de ces profils.
J’encourage les candidats à décrocher leur téléphone pour relancer après avoir répondu à une offre
Que préconisez-vous pour optimiser ses recherches ?
L’important est de se démarquer. Il faut coordonner plusieurs actions, en se renseignant tout d’abord sur le secteur. Lire la presse et faire une veille régulière peut être utile pour actualiser ses connaissances sur son environnement professionnel. J’encourage également les candidats à décrocher leur téléphone pour relancer après avoir répondu à une offre mais aussi pour postuler de manière spontanée. Cette démarche peut faire la différence. Les RH ne reçoivent pas beaucoup d’appels, au-delà des relances pour des candidatures. Il ne faut pas non plus hésiter à cultiver son réseau en se rapprochant de sa sphère personnelle. Faire appel à des professionnels comme des cabinets de recrutement peut également aider. Enfin, il est important de se rendre sur place pour connaître le terrain. Cela permet également de confronter son projet à la réalité.
Contrairement en France, les employeurs négocient en net, et non en brut.
Quels autres facteurs sont à prendre en compte ?
Les membres de la diaspora doivent faire attention à la notion de salaire. Contrairement en France, les employeurs négocient en net, et non en brut. Cela n’est pas toujours pertinent de convertir son salaire. En Afrique, beaucoup d’entreprises proposent aussi certains avantages en plus de la rémunération. Elles peuvent par exemple mettre à disposition un véhicule de fonction, une allocation logement, une assurance rapatriement ou des primes bonus (fêtes religieuses, rentrée scolaire des enfants). Les impôts sont prélevés à la source. Il faut également relativiser les contrats expatriés. Il y a depuis quelques années une stratégie d’africanisation des postes d’un point de vue juridique. C’est-à-dire qu’on retrouve de moins en moins, voire quasiment plus de contrat français, suisse, anglais pour des postes basés sur le continent. Les entreprises proposent de plus en plus des contrats locaux et des contrats locaux améliorés. Il existe encore des contrats expatriés que l’on retrouve plus particulièrement sur des fonctions spécifiques voire techniques comme dans les secteurs miniers ou pétroliers.