L’enseignement supérieur public marocain peine à proposer une offre de formation en hôtellerie et tourisme alors même que le secteur en croissance a besoin de compétences. Face à cette défaillance, les écoles privées en profitent.
Le tourisme chérifien se porte bien et les formateurs l’ont bien compris. En croissance de 6,6 % par rapport à 2018, le secteur doit former une main d’œuvre capable d’accompagner son essor. Annoncé ce mardi 27 août, l’alliance entre l’école de commerce de l’université internationale de Rabat (Rabat Business School) et l’lnstitut supérieur de tourisme de Tanger (ISITT) s’inscrit dans cette logique.
Double diplôme
L’accord de partenariat entre l’établissement privé et l’institution publique porte sur le développement de programmes en tourisme, hôtellerie et restauration. Celle-ci prévoit le déploiement de nouvelles formations initiales et continues, le développement de recherches conjointes et la mise en place de service de conseils auprès des acteurs du secteurs.
Les formations initiales seront notamment proposées en double diplomation dont les cours seront partagés entre Rabat et Tanger. Le premier cursus à voir le jour sera un master en tourisme et hospitality management consacré à la formation de cadres et managers capables de gérer des entreprises touristiques et hôtelières. Pour un coût de 76 000 dirhams (près de 7 100 euros) le programme accueillera une vingtaine d’étudiants dans le cadre sa première cohorte. Le diplôme prévoit notamment un stage rémunéré chez Walt Disney aux États-Unis. Pour les professionnels, les programmes prendront la forme de validation des acquis d’expérience (VAE).
Défaillance du secteur public
Au Maroc, l’industrie touristique fait partie des axes stratégiques des différents plans de développement rédigés ces quinze dernières années et au sein desquels la formation occupe une place de taille.
Mais dans les faits, ces projets ambitieux ne sont pas toujours menés à bien. Dans son rapport annuel au titre de l’année 2016-2017 publié en août 2018, la Cour des comptes marocaines a par exemple noté que le repositionnement de l’ISITT – unique établissement d’enseignement supérieur public du secteur – en établissement devant rayonner dans tout le continent, ainsi que la création d’une nouvelle école de management hôtelier promise par la stratégie de développement touristique « Vision 2020 » n’avaient pas vu le jour.
Très critique, la Cour souligne également « l’inaction face aux défaillances de certaines formations », de « l’improvisation dans la programmation des filières et des effectifs à former par les instituts » ainsi qu’un corps enseignant mal formé : « La majeure partie des formateurs ont le niveau de technicien ou équivalent, soit 61 % de l’effectif total des formateurs titulaires des instituts relevant du département du tourisme », constate ainsi l’institution.
Les écoles privées en profitent
Ces faiblesses profitent aux établissements d’enseignement supérieur privés – et bien souvent étrangers – qui se positionnent depuis plusieurs années sur le marché de la formation de cadres et manager. Dès 2007, l’enseigne Vatel, qui se développe en franchise a implanté une école à Marrakech. Elle a réitéré l’opération en 2018 à Casablanca. De son côté, le groupe espagnol Grupo Planeta, a implanté Ostelea à Rabat en 2018.
En 2010, l’école hôtelière de Casablanca s’est créée sous l’initiative d’acteurs locaux avec le soutien de celle de Genève. L’établissement dirigé par Nabil Kouhen qui proposait jusqu’alors un simple bachelor, a signé en 2018 un partenariat avec HEC Marbella. Ce dernier lui permet de proposer une formation de niveau master.