Officiellement inaugurée le 04 octobre, l’établissement veut être le pont de référence entre l’Europe et l’Afrique au niveau de l’enseignement supérieur. Mais le projet, en cours de finalisation, fait grincer des dents.
Un quart de Tunisiens et trois quarts de sub-sahariens : tel est le cocktail de la première promotion de l’Université franco-tunisienne pour l’Afrique et la Méditerranée (UFTAM). À partir de novembre, elle proposera trois masters en métier de l’eau et gestion de l’environnement, en expertise économique des politiques et projets de développement et en sciences des données et nouveau métiers du numérique. Deux certifications – modules de formations courtes et intensives – en ingénierie de projets euro-méditerranéens et en « soft skills » et entrepreneuriat sont également disponibles.
La Guinée, pays étranger le plus représenté
Au total, ce sont une centaine d’étudiants, à raison de 10 à 15 élèves par master, qui inaugureront cette première année. Choisis sur dossier sur des critères d’excellence, les Guinéens seront les étrangers les plus représentés avec environ 10 % du contingent, suivi des Tchadiens (7 %) et des Algériens (5 %). Le Cameroun, le Sénégal et la République centrafricaine sont aussi représentés. Les diplômes de masters coûtent 9 000 dinars par an (environ 2 850 euros).
La formation sera dispensée à parité entre enseignants issus des universités partenaires françaises et tunisiennes. Il s’agit d’une cocréation de diplômes entre les établissements des deux rives de la Méditerranée et non d’un double diplômes classique.
Le master en expertise économique sera par exemple dispensé par des professeurs de Paris 1 Panthéon-Sorbonne et de l’Institut des hautes études commerciales de Carthage (IHEC). Le master en environnement a été élaboré conjointement par Aix-Marseille Université, la Faculté des sciences de Tunis et l’Institut Supérieur des Sciences Biologiques Appliquées de Tunis (ISSBAT). Celui dédiés aux sciences du numérique est géré par l’ENSTA Paris Tech, l’École nationale des ingénieurs de Tunis (ENIT) et Sup’Com Tunisie. Les certifications sont à la charge de l’université Côte d’Azur et les universités de Tunis el Manar et de Carthage.
Durant les deux à trois premières années, les étudiants sélectionnés se retrouveront dans les murs de la Tunis Business School (TBS)
Statut juridique flou
Présente lors de l’inauguration officielle qui s’est tenue vendredi 04 octobre, la ministre française de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal, espère que l’UFTAM pourra rapidement proposer un cursus complet allant de la licence au doctorat.
🇫🇷🇹🇳Avec Slim Khalbous, mon homologue du @MESRSTunisie, la communauté académique, économique et tous les partenaires français et tunisiens, très heureuse de donner le coup d'envoi de l'@UFTAMUniversite qui va accueillir ses premiers étudiants ! pic.twitter.com/pAMqQhCMyi
— Frédérique Vidal (@VidalFrederique) October 4, 2019
En attendant, l’université fonctionne sous le statut d’association de préfiguration dont les coordinateurs sont Habib Sidhom, président de l’université de Tunis, et Gilles Pécout, recteur de l’Académie de Paris. « Un bureau d’étude est en train de réfléchir au meilleur format juridique pour l’UFTAM. Il devrait rendre son rapport d’ici décembre », précise Samira Karrach, la directrice exécutive de l’UFTAM. Un flou juridique qui est dénoncé notamment par un syndicat tunisien des enseignants. Selon ces derniers, leur ministère de tutelle privilégie les structures privées au lieu de renforcer une université publique aux abois.
Durant les deux à trois premières années, les étudiants sélectionnés se retrouveront dans les murs de la Tunis Business School (TBS), gracieusement mis à disposition par l’université de Tunis, avant de pouvoir profiter d’un campus mis à niveau sur le splendide site entre mer et forêt de Hamam Chaat.
Localisé à El Mourouj, une ville de la banlieue sud de Tunis, le site de TBS, assez difficile d’accès, fait l’objet de premières critiques, notamment pour les étudiants étrangers qui ne bénéficieront pas de résidences à proximité. Des navettes depuis Tunis pourraient être mises en place pour y remédier.