En 2020, l’Afrique peine toujours à développer et attirer des talents, comme le révèle la septième édition du « Global Talent Competitiveness Index » (GTCI), qui met l’accent cette année sur l’investissement dans les nouvelles technologies.
Alors que débute le Forum économique mondial à Davos, l’école française de management, Insead, en partenariat avec le groupe Adecco et Google, vient de publier l’édition 2020 du « Global Talent Competitiveness Index » (GTCI). Ce rapport vise à classer les pays et les villes à travers leur capacité à créer, développer, attirer et garder les talents. Et cette année, comme les années précédentes, l’Afrique occupe le bas du classement.
Le Botswana progresse
Sur les 132 pays étudiés, 33 sont africains contre 28 en 2019. Un point positif. De nouveaux venus font leur apparition comme le Cap Vert (90ème), la Côte d’Ivoire (108ème), l’Eswatini (115ème), le Burkina Faso (122ème) et l’Angola (131ème). Demeurent aussi quelques constantes puisque comme l’année dernière, les trois pays les plus en avance sont Maurice (49ème), l’Afrique du Sud (70ème) et le Botswana (71ème), qui progresse dans le classement.
« Le pays a bénéficié d’une politique dynamique dans le financement de l’éducation. L’environnement général de l’économie s’est amélioré. Il y a également l’établissement d’un État de droit et une régulation effective. Tout cela créé un niveau d’attractivité supplémentaire pour les investisseurs et les talents qui souhaiteraient s’établir au Botswana », explique Bruno Lanvin, co-auteur du GTCI et directeur exécutif de l’Insead.
Augmentation des inégalités
D’autres États ont légèrement régressé comme la Tunisie, classée 79ème. De manière générale, l’écart tend à se creuser entre le haut et le bas du classement. Le rapport met l’accent en 2020 sur la capacité des pays à investir dans les nouvelles technologies. « L’accroissement est encore plus net quand on introduit cette nouvelle variable », commente Bruno Lanvin.
Miser sur l’intelligence artificielle
Mais selon les auteurs, l’intelligence artificielle recèle beaucoup de possibilités dont les pays africains peuvent se saisir. Pour cela, ils doivent continuer à créer un environnement favorable pour la stabilité et la croissance économique et améliorer la connectivité de leurs territoires : « La communauté internationale doit aussi aider les États à acquérir des formations pour profiter de ces opportunités. Cet apprentissage doit démarrer dès l’école maternelle », ajoute le directeur exécutif de l’Insead.
Un article, publié récemment par le think tank américain Brookings Institutions et rédigé par le vice-président du Next Einstein Forum, Youssef Travaly, prévient que « ce déficit de compétences signifie que ceux qui auraient autrement été à l’avant-garde de la construction de l’IA sont laissés de côté, empêchant le continent d’exploiter tout le potentiel des technologies et des industries transformatrices ». Ce dernier préconise d’investir dans la recherche et le développement, d’avoir davantage recours au partenariats public-privé « en mettant l’accent sur la recherche industrielle et les centres d’innovation qui comblent le fossé entre les établissements d’enseignement supérieurs et le secteur privé ».
Le Ghana peut servir d’exemple. Le pays se hisse à la 44ème place en termes d’investissement dans l’IA. En avril 2019, le géant américain Google a choisi la capitale Accra pour ouvrir un centre de recherche en intelligence artificielle. Objectif affiché : tenter de résoudre des problématiques liées à l’économie locale.