En Afrique de l’Ouest, les militaires ont ravivé le souvenir de leur rôle politique. Si la prise du pouvoir peut conduire à l’instauration d’un régime autoritaire, la junte peut aussi permettre l’ouverture du champ politique à toutes les forces.
Discret ces derniers mois, l’ancien président béninois, est arrivé à Conakry ce 20 juillet en tant que médiateur de la Cedeao pour la Guinée. Un nouveau rôle qui l’éloigne un peu plus de la vie politique de son pays.
Le 12 juillet, Moriba Alain Koné a cédé son fauteuil de garde des Sceaux à Alphonse Charles Wright, jusque-là Procureur général près la Cour d’appel de Conakry. Il s’agit du troisième ministre de la Justice, neuf mois après la prise du pouvoir par le Comité national de rassemblement pour le développement (CNRD).
Libérés après l’arrivée de la junte au pouvoir, ces opposants à un troisième mandat d’Alpha Condé ont été arrêtés ce 5 juillet. La brutalité policière qui a accompagné leur interpellation a provoqué indignation et inquiétude quant au retour des vieilles pratiques.
Lors de leur dernier sommet, qui s’est tenu à Accra dimanche 3 juillet, les dirigeants ouest-africains ont allégé les sanctions contre le Mali et le Burkina Faso. Mais avec la Guinée, pas question d’être conciliants. Conakry risque de subir de nouvelles mesures coercitives.
Menacé de poursuites judiciaires dans son pays, l’ancien opposant à Alpha Condé a entamé une tournée aux États-Unis. Cela fait plus de trois mois qu’il a quitté Conakry et n’annonce aucune date de retour.
Rentré d’Abu Dhabi le 8 avril sur ordre de Mamadi Doumbouya, l’ancien président est reparti se faire soigner à l’étranger. Direction cette fois la Turquie. Explications.
Le 17 mai, Jean-Claude Kassi Brou a vivement critiqué la durée de la transition. Il s’est attiré les foudres de membres de l’exécutif de Conakry, venus à la rescousse de Mamadi Doumbouya.
L’interdiction des manifestations annoncée le 13 mai par le Comité national de rassemblement pour le développement (CNRD) a suscité une levée de boucliers à Conakry. Les partis entendent coordonner leur réponse lors d’une série de réunions imminente.
Hier encore ennemis, les deux partis politiques se sont affichés côte-à-côte ce mercredi 11 mai. Ils ont désormais un adversaire commun : Mamadi Doumbouya, qui veut se maintenir au pouvoir 39 mois.
Le procureur général près la Cour d’appel de Conakry engage des poursuites « immédiates » contre l’ex-chef d’État et plusieurs de ses anciens ministres. Une réaction à la plainte du Front national pour la défense de la constitution dénonçant des exactions et des crimes de sang.
S’exprimant en direct d’une école, le chef de la junte qui a renversé Alpha Condé a annoncé que la transition militaire pourrait durer plus de trois ans. Réussissant l’exploit d’unir contre lui des partis jadis irréconciliables.
Le gouvernement mis en place par la junte militaire du colonel Mamadi Doumbouya a conclu, le 29 avril, un forum politique contesté, en annonçant avoir reçu des « propositions » pour un calendrier pour restituer le pouvoir à des civils élus.
Mardi 26 avril, la justice a décidé de maintenir en détention l’ex-chef du gouvernement guinéen, Kassory Fofana, et ses ministres Mohamed Diané et Oyé Guilavogui. Un sort partagé par de nombreux caciques de l’ancien régime, visés par des enquêtes de la junte.
Vendredi 22 avril au soir, la junte a annoncé avoir redonné sa liberté à l’ancien président, détenu puis en résidence surveillée depuis sa chute en septembre dernier. Si Alpha Condé a bien reçu des visiteurs, il semble encore être sous haute surveillance.
Solidaire d’Assimi Goïta et des autorités de transition maliennes, sous le coup de l’embargo de la Cedeao depuis janvier, la junte guinéenne de Mamadi Doumbouya a gardé ses frontières avec le Mali ouvertes et entend en profiter pour réhabiliter le corridor entre les deux pays.
L’ACTU VUE PAR. Chaque samedi, Jeune Afrique invite une personnalité à décrypter les sujets d’actualité. Ancien représentant spécial du secrétaire général des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest, le diplomate algérien jette un regard sans complaisance sur les transitions militaires de la région.
Ces deux dernières années, des militaires ont pris le pouvoir en Guinée-Conakry, au Mali et au Burkina Faso, dans un contexte sécuritaire dégradé. Mais d’autres facteurs, notamment la grogne sociale, permettent d’expliquer le renversement des gouvernements en place.
Suspendu depuis le 10 mars sur ordre du colonel Doumbouya, le projet d’exploitation du gisement de fer de Simandou va pouvoir reprendre après la signature d’un accord entre le gouvernement guinéen et les compagnies minières WCS et Rio Tinto.
Ce mardi 22 mars s’ouvrent des assises nationales sensées réunir les forces vives de la nation. Mais ce processus de consultation est déjà critiqué par une partie de la classe politique qui y voit une diversion du président de la transition.
Le 5 septembre 2021, celui qui était alors ministre d’État et secrétaire général à la présidence était surpris par le coup d’État. Il raconte pour JA son arrestation par les hommes de Mamadi Doumbouya.
Résultats du groupe, pression fiscale sur les télécoms, concurrence de la start-up Wave, développement de nouveaux services financiers… Le directeur général du groupe sénégalais dévoile sa feuille de route 2022 et répond aux questions de Jeune Afrique.
Six mois après le coup d’État, le chef de la junte se sait observé de toute part et pressé d’obtenir des résultats. Il a imposé son style et sa méthode, au risque de déplaire. Aujourd’hui, à Conakry, les décisions sont tranchées au sein d’un comité restreint, dont on ne connaît pas les membres. Et tant pis pour la transparence.
Priorités du gouvernement, relations entre Conakry et Bamako, état de l’ancien président Alpha Condé… Le Premier ministre de la transition guinéenne répond aux questions de Jeune Afrique.
Eux aussi déchus depuis l’arrivée au pouvoir de Mamadi Doumbouya, les proches collaborateurs de l’ancien président, qui, pour la plupart, ont interdiction de quitter Conakry, ont dû se reconvertir.
Farouche opposant à Alpha Condé, le militant a été nommé le 3 février à la tête du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC). Libéré de prison au lendemain du coup d’État, il ne mâche pas ses mots face aux autorités de la transition. Et se dit prêt, s’il le fallait, à redescendre dans la rue.
La chute de Roch Marc Christian Kaboré au Burkina Faso, renversé par Paul-Henri Sandaogo Damiba, intervient après une série de coups d’État sur le continent, du Soudan à la Guinée en passant par le Mali… La saison des putschs est-elle de retour en Afrique ? Trois décennies d’instabilité chronique en infographies.
Cette semaine, une délégation de la junte malienne a entamé une tournée de « remerciements » en Guinée, en Mauritanie et en Algérie. Une offensive diplomatique – et économique – auprès des pays qui continuent de soutenir Bamako.
Tensions avec Mohamed Béavogui, limogeage de la ministre de la Justice, soupçons autour d’un « cabinet de l’ombre »… Ces dernières semaines, de premiers accrocs sont apparus entre le président et les civils, et la popularité des autorités de transition pourrait en pâtir.
Le président guinéen déchu a été transféré ce dimanche dans la résidence de l’ex-première dame. Depuis le coup d’État mené par Mamadi Doumbouya, il était détenu au palais Mohammed V, qui abrite la présidence.