Transport maritime : avis de tempête pour les géants asiatiques en Afrique
Le singapourien PIL et le chinois Cosco sont sous pression alors que le marché se rétrécit du fait de la chute du prix du pétrole et de la crise du Covid-19.
Logistique : une concurrence toujours plus intense
Dans ce secteur plus que jamais déterminant pour les économies africaines, acteurs historiques et nouveaux entrants se livrent une concurrence acharnée.
Le nom de Pacific International Lines (PIL) est bien ancré dans les ports ouest-africains. Mais l’exaspération de certains des clients togolais de ce même PIL, qui n’avaient toujours pas reçu, deux mois après la date prévue, des centaines de conteneurs de marchandises chinoises attendus à Lomé, témoigne des difficultés du singapourien.
PIL s’est déjà retiré de la ligne Asie-Europe et du marché transpacifique
Créé il y a un demi-siècle et toujours contrôlé par la famille chinoise Teo, le numéro dix mondial du conteneur va mal.
3,8 milliards de dollars de dettes
Endetté pour plus de 3,8 milliards de dollars, il n’a pu honorer plusieurs échéances bancaires depuis le début de l’année et négocie actuellement son rachat par le fonds d’État singapourien Temasek.
PIL a déjà dû se retirer de la ligne Asie-Europe en avril 2019, puis du marché transpacifique en mars 2020. Propriétaire de 89 navires, il a aussi vendu six grands porte-conteneurs de 11 900 EVP.
Officiellement, PIL veut se recentrer sur les marchés Nord-Sud, et les lignes vers l’Afrique subsaharienne sont prioritaires. PIL y est de loin l’armateur asiatique le mieux implanté. Il affirme détenir 16 % du marché Asie–Afrique subsaharienne, soit dix fois sa part de marché mondial.
PIL a annoncé une meilleure desserte du Nigeria, du Ghana et du Togo depuis la Chine
En 2019, le volume des marchandises qu’il transporte d’Asie vers l’Afrique de l’Ouest a crû de 9 %, et même de 22 % dans le sens inverse. Mais la chute du prix du pétrole et la crise due au Covid-19 ont réduit les volumes et renforcent la pression concurrentielle des Européens (Maersk, CMA CGM et MSC) sur l’armateur.
PIL a annoncé, à la fin de mai, une meilleure desserte du Nigeria, du Ghana et du Togo depuis la Chine, mais cela se fera par le biais de lignes communes avec le chinois Cosco, partenaire clé de PIL, et avec CMA CGM.
Profil bas
Cosco a annoncé, en février 2019, un accord de coopération avec Bolloré, dont le contenu n’a toujours pas été précisé. L’armateur n’a pas renforcé récemment la fréquence de ses lignes africaines ni annoncé d’investissements dans la logistique terrestre.
Ils devaient soi-disant casser la baraque, mais ils ne se développent pas
Le groupe chinois s’est contenté de vendre ses lignes sous une autre marque, OOCL, compagnie de Hong Kong rachetée en 2018. Mais les deux armateurs chargent sur les mêmes navires, ce qui n’ajoute aucune capacité au marché.
« Les Asiatiques devaient soi-disant casser la baraque en Afrique, mais ils ne se développent pas, et la crise actuelle des pays pétroliers les conduit plutôt à faire profil bas, observe un logisticien. Les chargeurs africains peuvent plutôt se féliciter du maintien des Européens qui restent très présent », observe un logisticien.
CMA CGM, qui détient environ un quart du marché maritime africain, au coude à coude avec Maersk, a ainsi annoncé le mois dernier la création d’une nouvelle ligne qui fait le tour de l’Afrique.
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