L’« Opep du cacao », un modèle à suivre

En parlant d’une même voix, le Ghana et la Côte d’Ivoire sont parvenus à convaincre les traders et industriels du chocolat de relever leurs prix d’achat.

Unité de transformation du Cacao dans l’usine de Choco Ivoire à San Pedro © Jacques Torregano pour JA

Unité de transformation du Cacao dans l’usine de Choco Ivoire à San Pedro © Jacques Torregano pour JA

Publié le 17 août 2020 Lecture : 2 minutes.

Sommet extraordinaire du 14 septembre 2019, à Ouagadougou, consacré à la lutte contre le terrorisme et à l’avenir du G5 Sahel. © ISSOUF SANOGO/AFP
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Cedeao, il était une fois dans l’Ouest

Quinze États membres, 375 millions d’habitants, des institutions qui embrassent tous les sujets économiques et s’attellent à résoudre les crises… Quarante-cinq ans après sa création et malgré les turbulences actuelles, l’organisation régionale maintient le cap.

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Avec la Côte d’Ivoire et le Ghana, les deux premiers producteurs mondiaux, mais aussi le Nigeria, qui occupe le cinquième rang derrière l’Équateur et le Cameroun, la Cedeao concentre 68 % de l’offre de cacao de la planète, soit 3,4 millions de tonnes récoltées pour la campagne 2019-2020, sur un total mondial de 5 millions de tonnes.

Problème : les pays producteurs africains ne perçoivent, selon les données de l’Organisation internationale du cacao (Icco), que 3 % des revenus de la filière chocolat. Alors que la Côte d’Ivoire a produit 2,1 millions de tonnes de cacao en 2017 (44 % de la production mondiale), elle n’a tiré de son négoce que 3,3 milliards de dollars (2,9 milliards d’euros), contre 22 milliards de recettes pour les majors américaines.

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Si les trois pays de la sous-­région ont considérablement accru leur production depuis vingt ans, il a fallu attendre le 26 mars 2018 pour que se mette en place la première coopération entre les exploitants et les organismes interprofessionnels de la Côte d’Ivoire et du Ghana.

Première victoire

Le président Alassane Ouattara et son homologue Nana Akufo-Addo ont signé ce jour-là la « déclaration d’Abidjan » instaurant « une Opep du cacao ». Grâce à cette alliance, la Côte d’Ivoire et le Ghana, qui représentent à eux deux 65 % de la production mondiale de cacao, vont harmoniser leurs politiques de commercialisation pour gagner en influence et augmenter leurs recettes.

cacao © Jeune Afrique

cacao © Jeune Afrique

Le Conseil du café-cacao (CCC) ivoirien et le Cocoa Board (Cocobod) ghanéen sont déjà parvenus, en juillet 2019, à imposer un mécanisme de compensation pour les producteurs. Leur suspension des ventes de fèves a pesé si lourdement sur les cours mondiaux qu’il n’a pas fallu plus d’un mois pour que les traders et les industriels du chocolat acceptent le principe d’une prime de 400 dollars par t sur tous les contrats de vente.

Surnommé « différentiel de revenu décent » (DRD), ce bonus entrera en vigueur à partir de la campagne 2020-2021, qui débutera en octobre, et permettra de garantir une meilleure rémunération aux producteurs.

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Des marges de progression énormes

L’alliance entre le CCC et le Cocobod repose aussi sur une synchronisation des campagnes, avec un accord sur les volumes à placer sur le marché et une harmonisation du prix garanti aux producteurs, afin d’éviter la contrebande aux frontières.

Les deux partenaires envisagent par ailleurs de construire des entrepôts pour stocker les récoltes en attendant de les mettre sur le marché au moment opportun. La Côte d’Ivoire prévoit ainsi de « bloquer » sa récolte aux alentours de 2 millions de t.

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Enfin, pour limiter les variations du marché et créer davantage de valeur ajoutée, l’accent sera mis sur la transformation locale. Le CCC projette de construire deux unités de première transformation, d’une capacité de 50 000 t chacune, dans le port de San Pedro (premier port exportateur de fèves de cacao au monde) et dans celui d’Abidjan. L’objectif est d’atteindre une capacité de broyage de 1 million de tonnes d’ici à 2022, contre 500 000 t actuellement.

L’an dernier, le Ghana a quant à lui fait passer ses capacités de 250 000 t à 400 000 t. Reste que 80 % des gains de la filière sont réalisés lors de la deuxième transformation (fabrication de la pâte de cacao), encore inexistante localement au niveau industriel. Les marges de progression sont donc énormes.

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