E-commerce, automobile, tourisme… Les top et les flop de l’économie marocaine

Si la crise liée au coronavirus a contribué à l’ascension des télécoms et à la chute du tourisme, c’est la sécheresse qui est à blâmer pour les mauvaises performances de l’agriculture.

Agence Maroc Telecom à Casablanca. © Naoufal Sbaoui pour JA

Agence Maroc Telecom à Casablanca. © Naoufal Sbaoui pour JA

Publié le 3 août 2020 Lecture : 4 minutes.

L’immobilier, le tourisme, le transport de voyageurs, le secteur aérien, les industries automobile et aéronautique, ainsi que bien d’autres activités ont été considérablement ralenties, voire mises complètement à l’arrêt, pendant le confinement entré en vigueur à la mi-mars. Toutes les activités dites « non nécessaires » et qui ne pouvaient pas être exercées en télétravail ont été suspendues.

En revanche, la crise a profité à d’autres secteurs, en particulier au commerce de produits alimentaires. Zouhair Bennani, le PDG de Label’Vie – partenaire exclusif du français Carrefour au Maroc –, a révélé que le chiffre d’affaires de ses magasins avait triplé durant les quatre premières semaines du confinement.

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L’industrie textile du royaume a elle aussi connu une extraordinaire embellie après que le port du masque a été rendu obligatoire le 6 avril. Dès le lendemain, pour répondre aux besoins de la population, les autorités ont mobilisé 34 usines, avec une cadence de production de 5 millions d’unités par jour.

Mieux, la demande nationale étant pleinement satisfaite, le Maroc s’est rapidement distingué comme un champion mondial de l’exportation de masques grand public, dont la production quotidienne atteint désormais 7 millions d’unités. Tour d’horizon.

En forme

  • Télécommunications

Lien avec les proches, télétravail et visioconférences, cours par internet de l’école primaire à l’université, e-commerce… Les trois opérateurs locaux – Maroc Telecom, Orange et Inwi – auront passé le test de la crise du Covid-19 avec succès. Ils ont été promus « services de première nécessité » pendant le confinement, et ont connu une forte pression sur les échanges de données (data). Aucun chiffre officiel n’a été fourni mais, selon les estimations des experts, la croissance serait de 40 % en moyenne chez les trois opérateurs.

  • Distribution
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Avant même l’annonce du confinement, les Marocains ont dévalisé les rayons des magasins. Les ventes de farine, d’huile, de sucre, de pâtes, de semoule, de riz et de féculents en tout genre ont doublé pendant les premières semaines de la crise. Quant aux ventes des produits sanitaires et d’hygiène, elles ont explosé, avec un chiffre d’affaires trois fois supérieur à celui réalisé habituellement. De l’épicier du coin à l’hypermarché, des logisticiens aux distributeurs, tous ont travaillé à plein régime.

La grande distribution en a profité pour attirer de nouveaux clients : le chiffre d’affaires des magasins Carrefour a connu une hausse de 300 % durant les quatre premières semaines de confinement. Du jamais-vu, selon Zouhair Bennani, le PDG de Label’Vie (partenaire exclusif du groupe français au Maroc), qui espère fidéliser les nouveaux clients et gagner des points de part de marché – qui était d’environ 30 % avant la pandémie.

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En bonne voie

Baromètre : en bonne voie © Jeune Afrique

Baromètre : en bonne voie © Jeune Afrique

  • E-commerce

Le confinement, la peur de sortir, la facilité d’acheter et de payer en ligne ont fait décoller l’e-commerce, ainsi que le nombre de sociétés et de magasins désireux de s’équiper d’un module de paiement en ligne.

Selon le Centre monétique interbancaire (CMI), les résultats du premier trimestre de 2020 sont déjà historiquement hauts : les sites qui lui sont affiliés ont réalisé 2,8 millions d’opérations de paiement, soit une hausse de 25,3 % par rapport au premier trimestre de 2019, représentant un chiffre d’affaires de plus de 1,4 milliard de dirhams (127 millions d’euros).

D’après Mikael Naciri, le directeur général du CMI, les transactions en ligne ont bondi de 60 % entre le début d’avril et la mi-mai par rapport à la même période en 2019. Et il devrait en rester quelques effets dans les habitudes de consommation des Marocains.

  • Automobile

L’arrêt des lignes de production des deux usines de Renault et de celle de PSA pendant un mois et demi a eu un impact négatif sur tout le secteur automobile, et en particulier sur les 250 équipementiers qui travaillent dans le sillage des deux constructeurs et emploient quelque 180 000 personnes.

La filière, qui représente 6,5 % du PIB, 27 % des exportations du pays et un chiffre d’affaires de plus de 7 milliards d’euros en 2019, connaît une reprise d’activité timide depuis la fin d’avril. La crise ne peut qu’inciter les constructeurs à augmenter le niveau de l’intégration locale, qui ne dépasse pas les 60 % dans le meilleur des cas.

En difficulté

Baromètre : en difficulté © Jeune Afrique

Baromètre : en difficulté © Jeune Afrique

  • Agriculture

La pluviométrie n’a pas été au rendez-vous, et le secteur agricole (12,3 % du PIB) devrait connaître ses pires campagnes de récolte depuis longtemps, avec une chute de 44 % par rapport à une année normale, selon les prévisions du ministère de l’Agriculture. Estimée à 30 millions de quintaux, la production céréalière devrait reculer de 42 % par rapport à celle de 2019 et de plus de 60 % par rapport à la moyenne de ces cinq dernières années.

Par ailleurs, en raison de la pandémie, le secteur n’a pas pu organiser, en avril, son Salon international de l’agriculture au Maroc (Siam), qui rapporte habituellement 12 milliards de dirhams à la filière des coopératives et des groupes économiques, soit près de 80 % de leur chiffre d’affaires. Les constructeurs de machines agricoles, qui profitent du Salon pour démarcher leurs clients, devraient perdre entre 30 % et 50 % de leurs revenus annuels.

  • Tourisme

C’est l’un des secteurs qui souffrent le plus de la pandémie. Il représente 7 % du PIB au Maroc, où les hôtels ont pratiquement tous fermé leurs portes faute de clients. Au début de juillet, les opérateurs avaient reçu peu de signaux encourageants quant à une éventuelle reprise. La Confédération nationale du tourisme (CNT) évalue les pertes du secteur à plus de 34 milliards de dirhams en 2020 (contre 78,6 milliards de dirhams de recettes en 2020), avec quelque 6 millions de touristes en moins.

Même à supposer que la baisse du nombre de visiteurs étrangers soit partiellement compensée par le tourisme local, la banque d’affaires CFG estime que le nombre de nuitées devrait chuter de 30 % en 2020 (25,2 millions en 2019). D’autant que, pour le moment, la reprise d’exploitation des établissements ne peut se faire qu’à 50 % de leur capacité afin de respecter les contraintes sanitaires et la distanciation physique en vigueur dans le royaume.

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