OMC : Ngozi Okonjo-Iweala et Amina Mohamed, deux femmes pour un fauteuil
Si la présidence de l’OMC semble sur le point de revenir à une personnalité africaine, reste encore à départager les deux favorites.
Bien décidée, depuis juillet 2019, à voir un Africain occuper – enfin – le fauteuil de directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), l’Union africaine (UA) est en passe de gagner son pari. Qu’importe si la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala et la Kényane Amina Mohamed n’ont pas respecté le processus de désignation des candidats défini par les caciques de l’UA, les deux femmes font aujourd’hui la course en tête.
Et il y a de fortes chances pour que l’une d’elles succède avant la fin de cette année au Brésilien Roberto Azevedo, qui a démissionné en mai. À moins que l’incapacité des Africains à se fédérer autour d’un nom unique – comme cela était souhaité à Addis-Abeba – n’anéantisse une nouvelle fois les espoirs du continent, ce qui constituerait un terrible gâchis au regard du pedigree de ces deux responsables politiques.
Une cote de 3 contre 1 selon les bookmakers anglais
L’une comme l’autre ont occupé les plus hautes responsabilités, tant dans leurs pays respectifs que dans des institutions internationales. Au point d’impressionner jusqu’aux bookmakers anglais, qui, au début de juillet, les plaçaient roue dans roue (à 3 contre 1), très loin devant les six autres postulants, dont Abdel Hamid Mamdouh. Malgré vingt années passées au sein de l’OMC, le profil de « technicien » de cet Égyptien ne fait pas le poids face à la stature beaucoup plus politique de ses deux adversaires.
À 66 ans, Ngozi Okonjo-Iweala s’appuie sur un CV long comme le bras. Numéro deux de la Banque mondiale (2007-2011), elle est également la première femme à avoir été ministre des Finances, puis des Affaires étrangères, du Nigeria. Présidente depuis 2016 du conseil d’administration de l’alliance Gavi pour la vaccination dans le monde et membre du board de Twitter et de Standard Chartered, elle peut compter sur l’appui des États-Unis, qui auraient imposé son nom à Muhammadu Buhari, le président nigérian, pourtant méfiant envers la « dame de fer ».
Vaincre le signe indien
Tout au contraire, Amina Mohamed, elle, était soutenue à bout de bras par Uhuru Kenyatta avant même d’officialiser sa candidature. Au point de donner l’impression de s’être fait forcer la main par le chef de l’État kényan ainsi que par une grande partie de la presse britannique. Annoncée au début de juin à la direction générale du Commonwealth, elle a attendu la dernière minute pour se lancer dans un combat qu’elle avait perdu en 2013 face à Azevedo. Également devancée à la présidence de la Commission de l’UA en 2017 par Moussa Faki Mahamat, Amina Mohamed espère cette fois, à 58 ans, vaincre le signe indien.
Comme sa concurrente nigériane, elle a occupé de multiples postes de premier plan. Au Kenya, elle a été ministre de la Justice, des Affaires étrangères puis de l’Éducation, et elle est depuis mars à la Culture et aux Sports. Cette diplomate passée par Oxford a représenté son pays au Conseil de sécurité de l’ONU, puis a été directrice exécutive adjointe du Programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue) de 2011 à 2013. Surtout, elle connaît parfaitement les arcanes de l’OMC pour en avoir dirigé les principaux organes, à commencer par le Conseil général, en 2005.
La Nigériane comme la Kényane n’auront pas trop de toute leur expérience pour sortir l’OMC de sa paralysie. Toutes deux s’accordent sur un point : « La question n’est pas que le futur directeur général soit une femme mais qu’il soit compétent. » Et si, en plus, il pouvait venir d’Afrique…
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