Mozambique, Côte d’Ivoire, Bénin : pourquoi Total parie sur un marché africain du GNL

Devenu une zone majeure de production de gaz naturel liquéfié, le continent consomme encore peu de cette énergie « flexible et peu coûteuse », souligne le directeur gaz de la major française.

Un méthanier appartenant à Total  et convoyant du GNL angolais depuis Soyo. © Divaldo Gregorio/total

Un méthanier appartenant à Total et convoyant du GNL angolais depuis Soyo. © Divaldo Gregorio/total

ProfilAuteur_ChristopheLeBec

Publié le 14 octobre 2020 Lecture : 3 minutes.

Cinq ans après son arrivée aux manettes de la direction gaz de Total, Laurent Vivier croit plus que jamais au potentiel de la version liquéfiée du gaz naturel sur le continent. Côté production, des découvertes gazières considérables ont été faites ces dix dernières années au Mozambique, en Égypte, au Sénégal, en Mauritanie, et en Afrique du Sud.

Le continent va devenir progressivement l’une des zones majeures de production de gaz naturel liquéfié (GNL), exportable par bateau, principalement vers l’Europe et l’Asie.

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Mais côté consommation, selon le patron gaz de Total, le GNL, encore peu utilisé sur le continent, constitue aussi pour les États et pour les compagnies électriques africains une alternative énergétique flexible, peu coûteuse et moins polluante.

2e producteur mondial de GNL

« Les pays producteurs de gaz – anciens tels que l’Égypte et l’Algérie, ou nouveaux, comme le Mozambique – ont mis ou mettent en service des centrales électriques à gaz. Il sera très facile pour ces pays d’importer du GNL et de le regazéifier pour approvisionner ces mêmes centrales, en cas de variation de la demande locale d’électricité ou de gaz, par nature saisonnière.

Quant aux pays non producteurs, qui cherchent à diminuer leur impact carbone, à diversifier et baisser les coûts de leur approvisionnement en énergie, ils pourront profiter d’un marché du GNL en plein développement au niveau mondial, compétitif face au fioul ou au charbon, avec des prix qui ont fortement baissé deux années de suite, de 50 % en 2019, avec l’expansion de l’offre, et de 50 % en 2020, du fait du coronavirus », fait valoir Laurent Vivier, dont la direction a été intégrée en 2016 à la nouvelle division « Gaz, renouvelables et électricité » de Total.

En 2018, avec le rachat des activités des actifs gaziers de son compatriote Engie, le groupe français est devenu le deuxième producteur mondial de GNL, avec environ 10 % du marché, soit 40 millions de tonnes par an cette année-là (derrière Shell, à 70 millions de tonnes), essentiellement grâce à ses sites en Europe du Nord et dans le golfe Persique.

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Avec la reprise du mégaprojet Mozambique GNL d’Anadarko à la fin de 2019, la major pilotée par Patrick Pouyanné, jusque-là peu productrice de gaz en Afrique, est devenue un acteur majeur de cette filière extractive sur le continent. Elle entend également y développer un marché local pour y vendre sa production.

Des projets de terminaux du Bénin au Mozambique

En 2017, le pétrolier français a signé deux accords avec la Côte d’Ivoire et le Bénin pour l’installation de terminaux de regazéification de GNL, en vue de les relier à des centrales électriques à gaz. Si le projet béninois continue d’avancer, celui de Côte d’Ivoire semble au point mort.

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« Total a terminé les études techniques. Les gouvernements ivoirien et béninois n’ont qu’à donner le départ, et nous pouvons leur livrer un projet fonctionnel en moins de deux ans », fait valoir Laurent Vivier, qui met en avant l’expertise de son groupe sur ce type d’installation, renforcée par celle des équipes et des navires de regazéification (FSRU) hérités d’Engie – qui ont mené plusieurs projets similaires, notamment en Amérique centrale.

« Nous comprenons que la décision d’importer du GNL ne se prend pas à la légère, car elle est politiquement sensible, liée à des questions de souveraineté, de protection de l’environnement, et de développement économique », reconnaît le patron gaz de Total, qui se dit confiant dans l’adoption sur le long terme de ce « complément énergétique adaptable aux besoins. »

Dernier pays intéressé : le Mozam­bique. Alors que les méga-­gisements gazéifères du pays sont situés en mer à l’extrême nord du pays, les autorités envisagent l’installation d’un terminal de regazéification de GNL importé à 2 000 km plus au sud, pour électrifier Maputo. Elles viennent justement de signer un accord de ­coopération avec la major française.

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