Djibouti – Ouloufa Ismaïl Abdo : « À nous d’inspirer confiance »

À l’approche de la présidentielle d’avril 2021, la présidente de la Commission nationale de la communication explique comment l’organisme indépendant contrôle le temps de parole des partis dans les médias. Et veille à éviter les critiques du pouvoir comme de l’opposition.

Ouloufa Ismaïl Abdo à Djibouti, en février 2018. © Patrick Robert

Ouloufa Ismaïl Abdo à Djibouti, en février 2018. © Patrick Robert

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Publié le 12 octobre 2020 Lecture : 3 minutes.

Créée en 2016 avec pour mission d’assurer le pluralisme de l’information et un accès équitable aux médias en période électorale, la Commission nationale de la communication (CNC) a passé avec succès son baptême du feu lors des législatives de 2018. Depuis l’instauration du multipartisme en 1992, c’était la première fois qu’un organisme indépendant était chargé de contrôler le temps de parole des différents partis dans les médias. À l’approche du scrutin d’avril prochain, rencontre avec sa présidente, Ouloufa Ismaïl Abdo.

Le cadre législatif et réglementaire de 1992 a été entièrement dépoussiéré

Jeune Afrique : La CNC s’apprête à encadrer pour la première fois une campagne présidentielle. Estimez-vous qu’elle est prête ?

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Ouloufa Ismaïl Abdo : Oui. Le cadre législatif et réglementaire de 1992 a été entièrement dépoussiéré, avec l’ajout de textes relatifs au pluralisme politique ou à la déontologie de l’information. Techniquement, nous nous équipons d’un système de monitoring et de minutage qui devrait nous aider à contrôler les temps de parole des différents candidats, et, ainsi, à garantir la transparence et l’équité pour tous. Nous comptons également ouvrir des antennes à l’extérieur de la capitale pour être en mesure de couvrir l’ensemble du territoire.

Quelles vont être vos principales missions lors de ce scrutin ?

Nous nous conformerons à nos prérogatives telles que prévues par la loi. La commission veut être la « gardienne de l’information ». Elle se chargera de veiller à l’accès de tous les candidats aux médias publics, que ce soit dans l’audiovisuel, la presse écrite ou le numérique, sans discrimination. Il y va de notre crédibilité : nous ferons donc tout pour être irréprochables dans le mandat qui nous est confié.

La commission veut être la « gardienne de l’information »

Qu’avez-vous retenu de l’expérience des législatives de 2018 ?

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Une maturité certaine de l’ensemble du personnel politique – de la majorité comme de l’opposition –, sur ces questions d’accès aux médias. Tous ont respecté les règles édictées à l’époque par la CNC. C’est également lors de ce scrutin que nous nous sommes rendu compte que les textes alors en vigueur n’étaient en phase ni avec un multipartisme intégral ni avec l’avènement des technologies de l’information et de la communication.

La mission d’observation de l’Union africaine avait noté de sérieux manquements aux règles de transparence et d’équité en 2016. Que peut faire la CNC si de tels agissements sont constatés en 2021 ?

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Nous ferons en sorte qu’aucun manquement de ce genre ne puisse être observé ou ne soit laissé sans réponse de notre part. Nous avons mis en place des dispositions légales applicables avant, pendant et après la période électorale, pour que la CNC puisse agir immédiatement si un préjudice est constaté, avant d’engager éventuellement des poursuites.

Dans le cas contraire, la CNC ne prend-elle pas le risque d’être soupçonnée de connivence avec le pouvoir ?

La composition de la commission est à elle seule un gage d’impartialité, car elle représente fidèlement les différentes composantes de la société djiboutienne. Une institution comme la nôtre prend en effet le risque d’être sous le feu des critiques croisées de l’opposition et de la majorité. C’est à nous d’inspirer confiance aux uns et aux autres, afin que nous soyons jugés sur les faits et non sur des a priori.

Que faut-il souhaiter à la CNC au soir du premier tour ?

Que l’ensemble des candidats soient satisfaits des règles édictées et que tous les aient respectées, pour que notre travail soit salué par tous, comme cela a été le cas lors des législatives de 2018.

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