Cameroun : Abbas Jaber (Advens) face aux barons du Nord

Déterminé à devenir l’actionnaire majoritaire du producteur camerounais Sodecoton, le patron d’Advens-Geocoton se heurte à la résistance de l’élite du septentrion.

Abbas Jaber, le président d’Advens-Geocoton. © Bruno Levy pour JA

Abbas Jaber, le président d’Advens-Geocoton. © Bruno Levy pour JA

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Publié le 4 novembre 2020 Lecture : 1 minute.

« Cela ne passera pas. Et s’il le faut, nous allons saisir le président », affirmait au début de juillet un parlementaire de la région du Nord quelques jours après qu’Abbas Jaber, patron d’Advens, eut rencontré le Premier ministre, Joseph Dion Ngute, et le secrétaire général de la présidence, Ferdinand Ngoh Ngoh.

La pression des barons politiques du Nord aura-t-elle fini par payer ? L’entretien prévu le 10 juillet entre le président Paul Biya et Jaber a été annulé à la dernière minute par le chef de l’État.

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Détenteur de 30 % de la Sodecoton à travers sa filiale Geocoton, le groupe français veut monter dans le capital de l’entreprise à hauteur de 51 %. En contrepartie, Abbas Jaber s’engage à investir 60 milliards de F CFA (91,5 millions d’euros) pour remettre l’outil de production à niveau.

La pilule a du mal à passer auprès d’une élite du septentrion qui a mal vécu, il y a plus de deux décennies, le fait d’être empêchée de prendre des parts du capital de la Sodecoton, un emblème économique et politique du nord du pays.

Déminer le terrain

Certains barons du cru, à l’instar de l’ancien monarque (lamido) de Rey-Bouba, de l’ancien Premier ministre Sadou Hayatou ou de l’actuel président de l’Assemblée nationale, Cavaye Yéguié Djibril, avaient tenté une prise de contrôle de la société cotonnière à la faveur d’une opération de privatisation en 1998.

Cela leur avait été refusé par la présidence. Seul Baba Danpullo, originaire d’une autre région, le Nord-Ouest anglophone, avait pu à l’époque acquérir 11 % des parts.

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Abbas Jaber, échaudé par la tentative ratée en 2018 de prise de contrôle de CotonTchad – que lui avait soufflée le singapourien Olam –, avance avec prudence sur ce dossier sensible. Ses équipes continuent de déminer le terrain discrètement, et il a mis entre parenthèses la présentation de son business plan à Yaoundé dans le courant de septembre.

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