Roch Marc Christian Kaboré : « La réconciliation prend du temps, mais ce n’est pas du temps perdu »

Le 22 novembre, le chef de l’État briguera un second mandat face à des adversaires mieux organisés qu’en 2015. La dégradation de la situation sécuritaire lui a laissé peu de répit, mais il défend son bilan pied à pied.

Roch Marc Christian Kaboré, au palais présidentiel de Kosyam. © Sophie Garcia/hanslucas.com

Roch Marc Christian Kaboré, au palais présidentiel de Kosyam. © Sophie Garcia/hanslucas.com

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Publié le 2 novembre 2020 Lecture : 11 minutes.

Dans un bureau de vote de Ouagadougou, lors de la présidentielle et des législatives de 2015. © Theo Renaut/AP/SIPA
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Présidentielle et législatives au Burkina Faso : les enjeux du double scrutin

L’élection présidentielle burkinabè, couplée aux législatives, se tient dans un contexte sécuritair plus que tendu dans une large partie du pays. Le président sortant, Roch Marc Christian Kaboré, candidat à un second mandat lors du scrutin du 22 novembre, n’en défends pas moins son bilan, face à une opposition bien décidée à en découdre. Parmi ceux qui veulent lui ravir son siège au palais de Kozyam, le chef de file de l’opposition Zéphirin Diabré, Kadré Desiré Ouédraogo ou encore Eddie Komboïgo, qui se présente sous les couleurs du parti de Blaise Compaoré, l’ancien président déchu, qui vit en exil en Côte d’Ivoire.

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Ouaga, mi-octobre. Entre la menace terroriste qui pèse sur le Burkina depuis 2016 et la pandémie de Covid-19, l’heure est aux précautions tous azimuts. Fouilles, portiques de détection, sécurité renforcée, prise de température, test PCR, masque, gel hydroalcoolique… La capitale naguère ouverte aux quatre vents, dynamique, vivante, parfois enfiévrée, n’est plus qu’un lointain souvenir.

Arrivé au pouvoir en décembre 2015, après une élection triomphale (plus de 53 % des voix dès le premier tour), Roch Marc Christian Kaboré, 63 ans, n’a guère eu de répit. Il a hérité d’un champ de ruines sur le plan économique et d’un pays où tout était à reconstruire, situation logique après une révolution et une transition chaotique.

Il savait aussi qu’il devait gérer l’impatience et les attentes inouïes de ses compatriotes, ainsi que les inévitables règlements de comptes, les renvois d’ascenseurs inhérents à une élection ou la défiance naturelle d’investisseurs qui attendent de voir avant de mettre la main à la poche.

Mais les circonstances qui se sont imposées à lui et à son gouvernement, quelques semaines seulement après son investiture, avec le premier attentat dans la capitale, auront rendu sa tâche bien plus complexe. La crise liée au coronavirus, sur le plan économique plus que sanitaire fort heureusement, constituant un obstacle de plus sur un chemin dont personne ne peut dire qu’il n’était pas semé d’embûches.

Kaboré a de la suite dans les idées et entend – le contraire aurait été étonnant – poursuivre son œuvre à la tête du Burkina. Candidat à un second mandat, face à des adversaires plus nombreux et mieux organisés qu’en 2015, il a accepté de répondre à nos questions. C’est peu dire qu’il n’apprécie guère l’exercice – les interviews qu’il a accordées en cinq ans se comptent sur les doigts d’une main. Au palais de Kosyam, en toute décontraction et sans exiger de pouvoir s’y préparer, il a tenu à défendre son bilan. Fidèle à lui-même, l’homme n’étant guère adepte des polémiques, des joutes oratoires ou des « punchlines » qui font le sel des médias se refuse à attaquer qui que ce soit. Entretien.

Jeune Afrique : Plus de sept mois après le début de la pandémie de Covid-19, alors que le Burkina a enregistré un peu plus de 2 200 cas et une soixantaine de décès, estimez-vous être parvenu à gérer cette crise ?

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Roch Marc Christian Kaboré : Nous avons très rapidement anticipé les mesures nécessaires, et souvent drastiques, à prendre pour maîtriser la pandémie. Ce n’était pas simple car, en Afrique, le secteur informel est particulièrement important.

Nous avons non seulement travaillé sur les mesures barrières mais aussi sur l’équipement des hôpitaux, sur nos capacités à réaliser des tests partout où cela était possible, etc. Alors que le Burkina a été touché parmi les premiers, en tout cas dans la sous-région, la situation est demeurée relativement stable, et j’estime que nous nous en sommes plutôt bien sortis.

La dette doit être purement et simplement annulée pour permettre aux pays les moins nantis de se relever

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