Turquie : le soft power savamment distillé d’Erdogan en Afrique
Depuis quinze ans, le continent est l’une des priorités d’Ankara. Diplomatie, business, soft power… Tous les moyens sont bons pour conquérir les esprits et les cœurs. Histoire d’une réussite qui ne doit rien au hasard.
Quand, en 2005, il foula pour la première fois le sol africain à l’occasion d’une tournée en Éthiopie, en Afrique du Sud, au Maroc et en Tunisie, Recep Tayyip Erdogan, qui était alors Premier ministre, avait un double dessein : sortir son pays de sa relation quasi exclusive avec l’Occident pour le hisser au rang de puissance émergente et ouvrir au commerce turc des espaces jusque-là inexplorés.
En 1998, il y avait bien eu une tentative lorsqu’un ministre des Affaires étrangères, le libéral Ismail Cem, avait élaboré un « pacte d’action pour l’Afrique ». Mais celui-ci n’avait pu être mis en œuvre en raison de la grave crise économique qui s’était abattue sur la Turquie.
Partenaire stratégique de l’UA
L’arrivée au pouvoir de l’AKP (le parti d’Erdogan) et l’ascension d’une bourgeoisie anatolienne pieuse et dynamique en affaires ont changé le décor. Dans le sillage de Turkish Airlines – qui dessert aujourd’hui une cinquantaine de villes africaines – et des conglomérats géants, partis à l’assaut du continent, les PME turques n’ont pas hésité à prendre des risques.
Quinze ans plus tard, le succès est au rendez-vous. La Turquie est « partenaire stratégique » de l’UA et membre non régional de la BAD. Ses échanges commerciaux avec l’Afrique sont passés de 3 milliards de dollars au début des années 2000 à plus de 26 milliards en 2019. Les forums d’affaires se multiplient – le dernier s’est déroulé par visioconférence les 8 et 9 octobre.
Bien s’informer, mieux décider
Abonnez-vous pour lire la suite et accéder à tous nos articles