Et il est comment le dernier… Aya Nakamura ?

Avec « Aya », la chanteuse française la plus écoutée du monde prend un virage vers la pop internationale. Loin d’être révolutionnaire, son nouvel album contient tous les ingrédients de ses hits addictifs.

La chanteuse Aya Nakamura, le 13 novembre 2020, à Paris © ROMUALD MEIGNEUX/SIPA

La chanteuse Aya Nakamura, le 13 novembre 2020, à Paris © ROMUALD MEIGNEUX/SIPA

leo_pajon

Publié le 30 novembre 2020 Lecture : 2 minutes.

Aya Nakamura est en apesanteur. Pour son troisième album, modestement intitulé Aya, la native de Bamako s’est même permis de poser des lapins à plusieurs médias francophones (entre autres Le Monde, et l’émission Quotidien, sur TF1). Jeune Afrique avait déjà tenté de lui poser quelques questions sur son précédent disque, en vain. Des entretiens, pour quoi faire ? La diva de 25 ans, aujourd’hui la Française la plus écoutée dans le monde, cumule 5 millions d’abonnés sur YouTube. Et quand elle lance un single comme « Doudou », elle fait exploser le compteur sans promo : 14 millions de vues en un mois.

Son nouvel opus ne révolutionne rien. On y retrouve les ingrédients de ses hits addictifs : les pulsations urbaines (« Pookie » s’appuyait déjà sur une rythmique reggaeton) et l’argot (comme sur « Djadja ») pour faire groover un français qui n’est pas celui du dictionnaire. Ne vous étonnez donc pas qu’un ami vous dise demain qu’il arrive dans sa tchop (« voiture »), titre du deuxième morceau de son album.

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Rythmiques afrobeats et steeldrum caribéen

Il est aussi toujours beaucoup question de garçons. Vraiment beaucoup. En général, la relation se passe mal sur fond de déception et de ragots (« Jolie nana », « Ça blesse »… ). Mais des titres plus sucrés, comme « Préféré » (avec Oboy, Parisien d’origine malgache), dessinent des horizons roses, sans ambiguïté : « Tu connais toutes mes positions préférées », y susurre, sensuelle, la star sur un refrain zouk love, tandis qu’Oboy précise : « Elle veut que j’la mange, elle veut que j’la branche / que j’rentre dans sa ch…, que je lui sorte l’engin. »

La formule fonctionne encore. D’autant que certaines productions particulièrement efficaces, comme celle de « Doudou », lorgnent les meilleures sonorités du moment en mêlant habilement rythmiques afrobeats et steeldrum caribéen. Aya a d’ailleurs clairement pris un virage pop internationale, en témoigne le featuring sur le tout premier titre, « Plus Jamais », de la star du grime britannique d’origine ghanéenne Stormzy, et de la rappeuse londonienne Ms Banks dans « Mon Lossa ».

« Aya » de Aya Nakamura, Rec. 118, Warner Music France © DR

« Aya » de Aya Nakamura, Rec. 118, Warner Music France © DR

Mais on sent aussi pointer la limite de la recette. La chanteuse, vocalement, ne sort pas beaucoup de sa zone de confort. À part pour « Fly », une ballade sur laquelle elle prouve qu’elle peut aussi virevolter dans les aigus. L’écriture est paresseuse, avec des phrases toutes faites souvent rentrées au chausse-pied. Et la répétition de mots qui était sa marque de fabrique (« tchop, tchop, tchop », « flop, flop, flop », « ah oui, ah oui, ah oui », « j’t’ai eu, j’t’ai eu, j’t’ai eu », « clean, clean, clean »), finira peut-être bientôt par lasser, lasser, lasser.

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