Sénégal : le Port de Dakar, futur hub logistique pour l’Afrique de l’Ouest ?

Le Port autonome de Dakar est un univers gigantesque… engoncé en plein cœur de la capitale. S’il veut se développer, il doit se moderniser, mais aussi se « décentraliser ».

Zone de stockage du terminal à conteneurs (TAC) géré par DP World. © Sylvain Cherkaoui pour JA

Zone de stockage du terminal à conteneurs (TAC) géré par DP World. © Sylvain Cherkaoui pour JA

OLIVIER-CASLIN_2024

Publié le 26 novembre 2020 Lecture : 3 minutes.

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Certainement titillé à l’idée de voir ses concurrents du littoral ouest-africain, de Tanger à Pointe-Noire, rivaliser de projets tous plus ambitieux les uns que les autres, le Port autonome de Dakar (PAD) a lui aussi dégainé son plan de développement en 2018. Nommé à la direction de l’autorité portuaire à la fin de 2017, Aboubacar Sédikh Bèye n’a mis que quelques mois pour peaufiner la stratégie qu’il comptait mettre en œuvre avec son équipe de 2019 à 2023 pour donner une nouvelle jeunesse à un port dont les plus anciens bassins ont été creusés à la fin du XIXe siècle.

Depuis, l’eau a coulé le long des quais dakarois, de plus en plus enserrés par la métropole, qui n’a jamais cessé de s’étendre autour du PAD. Jusqu’à poser des problèmes d’engorgement devenus insolubles. « Si nous résolvons l’équation de la congestion, le Sénégal sera en mesure d’enregistrer une progression de trois points de croissance supplémentaires », assure le directeur général du PAD. L’enjeu est de taille pour le pays, qui, chaque année, réceptionne 90 % de ses échanges internationaux via ses différents terminaux dakarois.

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Un nouveau terminal vraquier

La direction du port peut s’appuyer sur les bons résultats enregistrés ces deux dernières années pour lancer la modernisation de ses installations. Depuis 2017, le PAD a en effet vu son chiffre d’affaires annuel progresser de près de 25 %, pour dépasser les 60 milliards de F CFA en 2019 (environ 91,5 millions d’euros), ce qui lui donne les moyens financiers d’accompagner les changements en cours.

En juillet 2019 a démarré le premier projet de rénovation, celui du terminal vraquier spécialisé dans les trafics ô combien stratégiques destinés au marché malien. Les travaux sont exécutés par le japonais Towa Corporation et financés en partie par les 21 milliards de F CFA attribués au Sénégal par le gouvernement japonais.

Ce terminal sera en mesure d’accueillir des navires de 35 000 tonnes de port en lourd, contre 15 000 aujourd’hui. Le PAD disposera aussi d’un nouveau port minéralier à Sendou, à 30 km au sud de Dakar. Développé sur 500 ha, pour un investissement de 500 milliards de F CFA, il doit entrer en activité en 2021.

Hub régional

Mais la pierre angulaire de ce plan de développement censé lutter contre l’engorgement d’un port engoncé dans sa ville concerne la réalisation « green field » d’un terminal multifonctionnel dans les environs de Ndayane, à 50 km au sud de la capitale. Le chantier, qui devait démarrer à la fin de 2019, n’est pas encore lancé, les autorités sénégalaises étant encore en négociation pour trouver un accord avec le futur opérateur, l’émirati DP World, qui gère déjà depuis 2007 le principal port à conteneurs du PAD.

Ces équipements permettront à Dakar de jouer son rôle de hub logistique surtout pour la sous-région

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Réalisé pour 3 milliards de dollars, ce futur terminal dotera Dakar d’une interface portuaire flambant neuve d’ici à 2024, dotée d’un tirant d’eau de 20 mètres – soit l’un des plus profond de toute la côte ouest-africaine. Il sera adossé à une zone économique spéciale de 600 ha et directement connecté à la zone économique intégrée au pôle urbain de Diamniadio ainsi qu’à l’Aéroport international Blaise-Diagne (AIBD). « Ces équipements permettront à Dakar de jouer son rôle de hub logistique pour le Sénégal, mais aussi et surtout pour la sous-région », veut croire Aboubacar Sédikh Bèye.

En effet, sur le trafic annuel de 18 millions de tonnes enregistré au PAD, près de 4 millions sont en provenance ou à destination du voisin malien. La modernisation du corridor ferroviaire Dakar-Bamako, au point mort depuis des années, reste donc plus que jamais d’actualité. Ne serait-ce que pour réduire le nombre de camions circulant entre les deux capitales (plus de 1 000 par jour)… qui contribuent à embouteiller les terminaux du PAD.

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