Sénégal : « Jamais le jeu n’a été aussi ouvert pour prendre la mairie de Dakar »

Qui remportera la mairie de Dakar ? Le camp de Khalifa Sall, l’ancien édile déchu après sa condamnation, semble affaibli. Mais la majorité présidentielle est loin d’y avoir le boulevard espéré. Le politologue Papa Fara Diallo analyse les rapports de force et les stratégies à l’œuvre dans la perspective de 2021.

Papa Fara Diallo, politologue, enseignant chercher à l’Université Gaston Berger (UGB). © Youri Lenquette pour JA

Papa Fara Diallo, politologue, enseignant chercher à l’Université Gaston Berger (UGB). © Youri Lenquette pour JA

MANON-LAPLACE_2024

Publié le 24 novembre 2020 Lecture : 6 minutes.

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C’est l’un des derniers bastions de l’opposition. Et qu’importe si Khalifa Sall a perdu son fauteuil de maire à la suite d’une condamnation judiciaire. Qu’importe également si la coalition Benno Bokk Yakaar (BBY, au pouvoir) a, au fil des ans et des scrutins, absorbé une large frange de l’opposition et fait de l’hôtel de ville l’un de ses principaux objectifs. Depuis 2009, la mairie de Dakar demeure inaccessible à la majorité.

En septembre 2018, c’est Soham El Wardini, ex-première adjointe de Khalifa Sall, fidèle parmi les fidèles du dissident socialiste, qui a été élue pour assurer l’intérim de l’édile déchu. Et, alors que la stratégie de captation et d’annihilation de l’opposition par le camp de Macky Sall a porté ses fruits sur l’essentiel du territoire national, la capitale reste, avec la Casamance, l’un des derniers sanctuaires de l’opposition.

Elle sera sans nul doute le théâtre d’une âpre bataille lors des élections locales, qui sont censées se tenir d’ici à la fin de mars 2021 et constitueront une étape clé avant la présidentielle de 2024. Entre la majorité désireuse de se refaire une santé après sa défaite à Dakar lors des municipales de 2014, les « khalifistes » affaiblis par l’inéligibilité de leur leader et la percée du jeune opposant Ousmane Sonko à la présidentielle de 2019, rien n’est joué.

Papa Fara Diallo analyse les stratégies des uns et des autres, mais aussi ce qu’impliquent le prolongement du mandat de Soham El Wardini et l’affaiblissement des prérogatives municipales au profit de celles de l’État.

Soham El Wardini, maire de Dakar, devant l’hôtel de ville. © Youri Lenquette pour JA

Soham El Wardini, maire de Dakar, devant l’hôtel de ville. © Youri Lenquette pour JA

Jeune Afrique : Depuis septembre 2018, Dakar est administrée par une maire par intérim, dont le mandat est prorogé en raison des reports successifs des élections locales. Cette situation affaiblit-elle le camp des « khalifistes » ?

Papa Fara Diallo : Soham El Wardini a été portée à la tête de la mairie pour un an. Elle y est depuis deux ans, et la date des prochaines élections locales reste floue, mais, pour l’instant, elle conserve la loyauté et le soutien du conseil municipal, majoritairement acquis à Khalifa Sall et au sein duquel les lignes ont très peu bougé, à l’exception du départ de Moussa Sy, qui a quitté la coalition Taxawu Dakar pour soutenir BBY.

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