Économie : au Mozambique, l’avenir aurait pu être si radieux…

Dans le pays où sont développés des projets gaziers qui représentent le plus grand investissement étranger direct jamais réalisé sur le continent, l’économie est grevée par des emprunts frauduleusement contractés par l’administration précédente.

Vue aérienne de Zimpeto, un quartier résidentiel de Maputo. © imageBROKER.com/SIPA

Vue aérienne de Zimpeto, un quartier résidentiel de Maputo. © imageBROKER.com/SIPA

NICHOLAS-NORBROOK_2024

Publié le 4 février 2021 Lecture : 2 minutes.

L’avenir du pays pourrait être radieux : en dépit de la chute des cours du brut et de la crise sanitaire mondiale, Total a bouclé le 17 juillet 2020 un financement de 15 milliards de dollars pour son projet d’extraction et de liquéfaction de gaz situé dans le nord du Mozambique, d’un montant de 20 milliards de dollars.

Soit le plus grand investissement étranger direct jamais réalisé sur le continent. La production pourrait commencer dès 2024. De son côté, ExxonMobil pourrait décider d’investir cette année dans la même région dans un projet gazier encore plus important, de 30 milliards de dollars.

la suite après cette publicité

Spirale de violence

Mais le pays est marqué par une pauvreté extrême dans de nombreuses zones et par les violences des insurgés islamistes dans la riche province de Cabo Delgado, la plus septentrionale. Cette situation crée une spirale de violence similaire à celle observée dans le Sahel.

Un nouveau programme de financement de la sécurité, soutenu par les compagnies pétrolières, pourrait aider… ou cristalliser le conflit autour de la question de la nationalisation des ressources, les milices affirmant que le gouvernement central ne redistribue pas les richesses aux populations.

Le Premier ministre, Carlos Agostinho do Rosário, qui s’occupe de la plupart des affaires courantes d’une main ferme, a été maintenu en fonction après le remaniement gouvernemental de janvier 2020. Parmi les piliers de l’équipe Nyusi figure aussi le ministre de l’Énergie, Ernesto Tonela, chargé de superviser les projets gaziers.

Une dette paralysante

Des projets qui n’empêchent pas l’économie de bégayer. Le tourisme a été durement touché par le Covid-19, avec une baisse des revenus de 95 % en 2020, selon la ministre du Tourisme, Eldevina Materula. L’agriculture est affectée par l’insurrection dans le Nord, de nombreuses personnes abandonnant leurs champs, et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture redoute une famine pour cette année.

la suite après cette publicité

Handicapé par un service de la dette paralysant en raison des emprunts frauduleux contractés par le précédent gouvernement d’Armando Guebuza, l’État peine à venir en aide aux populations.

Alors que le bureau de la procureure générale a finalement annoncé l’inculpation de l’ancien ministre des Finances Manuel Chang, le mal est fait : les bailleurs de fonds ont suspendu leurs aides au pays. Le niveau de la dette devrait se maintenir à plus de 100 % du PIB au cours des prochaines années.

la suite après cette publicité

Poigne de fer

L’exploitation minière reste un secteur économique important. La société Kenmare, qui a commencé à traiter le titane de la mine de Moma, devrait pouvoir fournir 10 % de la matière première mondiale. Un rebond des cours du charbon à coke a permis à Vale de redémarrer l’activité de sa mine de charbon Moatize, qui avait été fermée en raison des perturbations liées au Covid-19.

Alors que le Mozambique subit toujours les contrecoups économiques des cyclones Idai et Kenneth de 2019, le FMI a approuvé en mai 2020 un prêt d’urgence de 309 millions de dollars pour l’aider à faire face aux effets de la pandémie, affirmant qu’il constate des progrès en matière de responsabilité et de transparence.

Pour Maputo, la sécurité vient en premier, le développement en second. Le président, Filipe Nyusi, dont le mandat prendra fin en 2024, est un ancien ministre de la Défense, plus poigne de fer que gant de velours. Il est donc à craindre que tout problème lié à l’application de l’accord de paix signé en août 2019 avec la formation Renamo (également originaire du nord) ne trouve une réponse sécuritaire.

L'éco du jour.

Chaque jour, recevez par e-mail l'essentiel de l'actualité économique.

Image