Burkina Faso : l’an I du « new deal » de Roch Marc Christian Kaboré

Priorité du président Kaboré, réélu en novembre 2020 : la sécurisation du pays. Malgré la crise, l’économie résiste avec des perspectives favorables.

Le président Roch Marc Christian Kaboré, le 5 décembre 2020. © Presidencebf/Twitter

Le président Roch Marc Christian Kaboré, le 5 décembre 2020. © Presidencebf/Twitter

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Publié le 20 janvier 2021 Lecture : 3 minutes.

Roch Marc Christian Kaboré, réélu en novembre 2020 au terme d’une compétition électorale disputée par treize candidats, devra incarner le président de la paix et de la cohésion sociale.

Le président prend cependant les rênes d’un pays avec des perspectives économiques bien meilleures que prévu. Alors que la pandémie de Covid-19 et le difficile contexte sécuritaire ont durement affecté l’activité économique, la bonne tenue des élections, les projections optimistes des récoltes agricoles, notamment de coton, et la reprise sur le dernier semestre de 2020 offrent de nouvelles perspectives économiques.

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Covid-19 : des dépenses auditées

Toutefois, des experts du FMI indiquent que « la pandémie a eu un impact négatif sur la collecte des recettes tout en exigeant des dépenses supplémentaires pour le contenir. En conséquence, le déficit budgétaire pour 2020 devrait atteindre 2 % du PIB. Les dépenses supplémentaires sont essentiellement affectées à la santé, aux transferts aux ménages les plus vulnérables, à l’appui aux secteurs économiques les plus touchés et à la sécurité. Les dépenses liées au Covid-19 sont soumises à un standard élevé de transparence, et les rapports audités de ces dépenses seront publiés en 2020 et 2021. »

Pour le bailleur de fonds, il subsiste donc des incertitudes sur l’ampleur de la reprise qui semble s’être amorcée : « Dans ce contexte, le PIB réel devrait reculer de 2,8 % en 2020 et croître de 3,9 % en 2021. Aussi, l’inflation a commencé à inverser sa récente tendance négative, conséquence de problèmes de chaîne d’approvisionnement dus à la pandémie et qui commencent à affecter les prix. Les perspectives économiques restent toutefois soumises à des risques à la baisse en raison de l’évolution incertaine de la pandémie et de l’impact de la crise sécuritaire. »

Un plan de développement à 23,5 milliards d’euros

La mise en œuvre du Plan national de développement économique et social, dont le coût est estimé à 15 400 milliards de F CFA (23,5 milliards d’euros), a néanmoins permis d’engranger des résultats appréciables, avec taux moyen de croissance du PIB à 6,3 % par an entre 2016 et 2018, contre 4 % en 2014 et en 2015.

Ce qui fait du Burkina Faso le deuxième pays le plus performant à cet égard au sein de l’Uemoa. Ce bon résultat a été en partie porté par l’investissement public dans les infrastructures routières conçues pour désenclaver le pays, mais aussi dans celles qui permettent de produire de l’électricité.

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Comme en 2016, au lendemain de sa prise de pouvoir, Kaboré devrait solliciter le concours des bailleurs de fonds traditionnels et des privés internationaux lors d’une conférence internationale sur le financement de son « new deal ». Ce plan, en cours de rédaction, qui établit le diagnostic de la situation insiste sur la nécessité de continuer à consolider les acquis des trois piliers du précédent en matière de transformation structurelle de l’économie, de développement du capital humain et, surtout, de gouvernance.

La désignation des élus locaux, prévue en mai 2021, constitue également un autre grand rendez-vous. L’adoption d’un nouveau code des collectivités qui consacre l’élection des maires au suffrage universel demeure un enjeu crucial. Tout comme l’adoption attendue de la nouvelle Constitution, qui abroge la peine de mort et limite à deux le nombre de mandats présidentiels, d’une durée de cinq ans.

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Chantiers phares : sécurisation et réconciliation

Réputé pour sa stabilité sous l’ère Compaoré, le Burkina Faso a été, au cours du dernier quinquennat, la cible répétée des groupes terroristes. D’abord cantonnées dans le Nord, autour de Djibo, les attaques meurtrières se sont propagées sur la quasi-­totalité du territoire. Bilan : plus de 1 200 morts et plus de 1 million de déplacés fuyant les exactions. La sécurisation du pays sera donc en 2021 la grande priorité du chef de l’État.

Autre chantier phare, la réconciliation. Le retour de l’ancien président Blaise Compaoré, en exil en Côte d’Ivoire depuis sa chute, en octobre 2014, est envisagé. « Si je suis élu, le premier semestre de 2021 doit nous permettre de régler ces questions-là. Nous allons réunir l’ensemble des composantes de la société pour discuter de la réconciliation, et la décision [des conditions du retour de Blaise Compaoré] sera prise », avait déclaré Roch Marc Christian Kaboré.

Ce processus devra inclure toutes les personnalités qui ont choisi l’exil après l’insurrection populaire de 2014, comme les ex-barons du pouvoir Assimi Koanda, Salif Kaboré ou encore le frère cadet de l’ancien président François Compaoré, sous le coup de poursuites judiciaires pour son implication présumée dans l’assassinat du journaliste Norbert Zongo.

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