Tech : le marché du drone s’envole en Afrique
Longtemps apanages des seuls États pour les questions de sûreté publique, les drones voient leurs utilisateurs et leurs missions se diversifier sur le continent.
En Afrique francophone, les gouvernements du Maroc, de l’Algérie, de la Côte d’Ivoire, du Sénégal et de Madagascar ont pris le parti d’interdire au grand public l’usage de ces engins volants pour le réserver à leurs seuls services de sécurité et administrations.
Utiles à l’agriculture, essentiels à la maintenance d’infrastructures ou capables de sauver des vies, l’usage des drones civils est encore loin d’être accessible à tout le monde. Ce qui n’empêche pas à une filière professionnelle de poursuivre un développement entamé il y a trois ans, même s’il est centré en premier lieu sur les questions de sécurité et de sûreté relevant des États.
Signe que l’activité intéresse, le français Delta Drone, un acteur de poids du secteur, coté à Euronext, a décidé d’implanter au Maroc son centre de profit sur le continent. Une incursion africaine qui fait suite à une prise de participation de 49 % dans son capital par EM Digital, contrôlé par Mahdi el-Majidi, frère du secrétaire particulier de Mohammed VI et gestionnaire des actifs privés du souverain.
Rondes de surveillance et données topographiques
Le groupe lyonnais dirigé par Christian Viguié s’est spécialisé au fil du temps et de ses acquisitions dans des prestations liées à la sécurité et à la sûreté des installations industrielles. Il emploie une quarantaine de personnes en Afrique. L’entreprise compte parmi ses clients des groupes miniers comme OCP, Glencore, Anglo-American, AngloGold Ashanti, Exxaro, South 32, Newmont ou Rössing Uranium ; des organes publics comme la Cedeao ; ainsi que plusieurs acteurs des télécoms. Il réalise 14 % de son chiffre d’affaires sur le continent, soit 2,2 millions d’euros.
Le groupe créé en 2011 y parvient principalement grâce à deux services, baptisés ISS Spotter et Rocketmine. Le premier utilise des machines autonomes programmées pour effectuer des rondes dissuasives, contrôler des accès ou vérifier à distance l’état d’un sinistre. Il vient en complément d’un système de vidéosurveillance pour l’extérieur de locaux professionnels.
Comme son nom l’indique, le second est essentiellement utilisé dans les mines pour recueillir des données topographiques. Il est utilisé en Côte d’Ivoire, au Ghana, au Nigeria, en Namibie et en Afrique du Sud. Ces services sont facturés entre 100 000 et 200 000 euros.
Delta Drone n’est pas la seule société à saisir les opportunités d’un secteur des services par drone qui pourrait peser plus de 80 milliards de dollars en 2025 au niveau mondial. Paul Clais, autre entrepreneur français, a créé en 2016 ROAV 7, qui offre les services de ses appareils à des groupes industriels variés – parmi lesquels Bouygues Travaux Publics, Total, ENI, Perenco – et dont la majorité de l’activité s’effectue en Afrique.
Acteurs africains
Au Kenya, une société de fret aérien nommée Astral Aerial s’est lancée dans les drones en 2017, en proposant une large palette de services allant du suivi de travaux à de la cartographie aérienne, en passant par l’exploration de champs pétrolifères ou de la livraison au dernier kilomètre.
D’autres challengers existent au Niger, où Drone Africa Service, une start-up créée en 2017 par Abdoul-Aziz Kountché et soutenue par Orange, démocratise l’utilisation des drones. Positionnée sur la sécurité des axes routiers et des milieux urbains, la société nigérienne propose aussi ses services à des clients industriels. L’entrepreneur propose en parallèle des formations ouvertes à tous au pilotage des engins volants.
L’Afrique du Sud, qui dispose d’une réglementation sur la circulation des drones, fait de son côté partie des pays à la pointe de ces technologies. UAV Industries, spécialisé dans les drones commerciaux depuis 2014, s’est également lancé en 2017 dans la formation et la certification de pilotes de ces engins, dont l’usage va nécessairement se répandre.
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