Laurent Tamegnon : « Les PME et les salariés togolais ont besoin d’une aide directe de l’État »

Le Conseil national du patronat du Togo (CNP-Togo) est en discussion avec les pouvoirs publics autour d’un plan de relance dédié aux PME-PMI et à l’entreprenariat féminin. Son président a répondu aux questions de Jeune Afrique.

Laurent Tamegnon, à Lomé, le 4 février 2020 © Marcel Amouzou/Piment pour JA

Laurent Tamegnon, à Lomé, le 4 février 2020 © Marcel Amouzou/Piment pour JA

Publié le 7 janvier 2021 Lecture : 2 minutes.

En 2019, le Togo figurait parmi les pays les plus performants du continent pour l’amélioration du climat des affaires. Depuis, la crise sanitaire a miné l’économie mondiale. Commerce et hôtellerie en péril, résilience de l’agriculture, accès aux aides pour les PME…

Le fondateur de Sanecom International et président du CNP-Togo – qui regroupe 24 associations professionnelles, soit 1 400 entreprises – revient sur l’année 2020 et les perspectives pour 2021.

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Jeune Afrique : Quels ont été les secteurs les plus touchés par la crise et quels sont ceux qui s’en sortent mieux ?

Laurent Tamegnon : Selon nos analyses au tout début de la crise, les secteurs les plus touchés sont ceux de l’hôtellerie et du commerce. Les PME-PMI, qui représentent 80 % du développement économique du pays, ont été frappées de plein fouet par la crise.

Contrairement aux grandes entreprises, il leur a été moins facile d’organiser des rotations de personnel ou de prendre les dispositions sanitaires, et elles ont dû faire face à leurs charges fixes (salaires, loyers, taxes…) avec de faibles trésoreries. Par ailleurs, nombreuses sont les PME qui ont pâti de leur dépendance vis-à-vis de leur principal fournisseur, la Chine.

Les secteurs qui s’en sortent sont ceux de l’industrie, de l’agriculture et les grandes entreprises. Le secteur agricole, surtout, a bénéficié d’un plan de riposte mis en place par le gouvernement avec, par exemple, un appui en matériels et en kits d’irrigation ou des octrois de crédits à taux bonifiés.

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Outre l’agriculture, des mesures de soutien au secteur privé sont annoncées. Les entreprises en ont-elles déjà bénéficié ?

Le gouvernement a annoncé des mesures fiscales, économiques et sociales pour soulager le secteur privé. L’Union économique et monétaire ouest-africaine [Uemoa], à travers la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest [BCEAO], a mis à la disposition des banques commerciales des fonds pour soutenir les entreprises.

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Ces mesures ont permis à ces dernières de repousser le paiement des charges sociales et fiscales, mais elles n’ont pas touché les dettes contractées avant et pendant la pandémie.

Il faut aussi souligner que les PME-PMI sont défavorisées dans l’accès au crédit et que les banques les assistent moins que les autres, à cause des risques encourus. Elles donnent plus aux grandes entreprises.

Quelles sont les perspectives pour le secteur privé en 2021 ? Et que préconise le patronat ?

Le CNP-Togo poursuit toujours les discussions avec les pouvoirs publics pour mettre en place un plan de relance pour les PME-PMI et pour l’entreprenariat féminin. Nous penchons pour une aide directe de l’État, immédiate et temporaire, aux entreprises et aux salariés.

Nos entreprises ne doivent pas mettre la clé sous le paillasson et il faut qu’elles s’efforcent de conserver leurs employés. Certaines n’ont pas eu d’autre choix que de mettre une partie de leur personnel au chômage technique, mais nous n’avons pas encore de chiffres pour en mesurer la proportion.

Pour 2021, notre souhait est donc que le secteur privé bénéficie des facilités accordées par le gouvernement, étant donné que l’état d’urgence sanitaire a été prolongé jusqu’au mois de mars 2021. Un équilibre budgétaire est difficilement envisageable dans cette situation… Mais vouloir, c’est pouvoir !

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