Vignerons de Carthage, l’union qui a sauvé le vin tunisien

Longtemps tenu à bout de bras par le mouvement coopératif, l’art de cultiver la vigne et de faire du bon vin se porte aujourd’hui comme un charme au pays du Jasmin.

Vignoble de Tekelsa dans la région de Cap Bon (Tunisie). © Nicolas Fauque/Corbis via Getty Images

Vignoble de Tekelsa dans la région de Cap Bon (Tunisie). © Nicolas Fauque/Corbis via Getty Images

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Publié le 20 avril 2021 Lecture : 2 minutes.

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Après une expérience malheureuse proche de la collectivisation dans les années 1960, le mouvement coopératif a désormais le vent en poupe dans l’agriculture tunisienne. Depuis plus de soixante-dix ans, le secteur viticole donne l’exemple.

France, Belgique, Royaume-Unis, Canada, Chine. Les vins des Vignerons de Carthage, anciennement Union centrale des coopératives viticole (UCCV) de Tunisie, ont remporté des prix partout dans le monde. Une réussite gustative qui repose sur une organisation coopérative harmonieuse des quelque 9000 ha de vigne.

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Synergie

« Il y a une vraie synergie entre la gestion centrale qui s’occupe de prospecter des nouveaux marchés, de la commercialisation et de la qualité des vins, et les coopératives de terroirs qui veillent aux besoins quotidiens de viticulteurs comme l’assistance technique ou la fourniture en intrants », explique Amor Slama, ancien président des Vignerons de Carthage.

Avec en moyenne seulement 5 ha de terrain, le viticulteur tunisien n’a pas la superficie nécessaire pour fonctionner de manière indépendante en subvenant à ses besoins. C’est pourquoi l’union coopérative, fondée en 1948, s’engage à racheter la récolte de ses adhérents à un bon prix et à proposer un préfinancement de l’achat de raisin.

Les Vignerons de Carthage n’hésitent pas à ouvrir une partie de leur capital à des investisseurs étrangers

Les Vignerons de Carthage proposent même un service d’assurance maladie et de comptabilité pour aider ses adhérents. La mutualisation permet d’avoir accès aux crédits bancaires, qui seraient inaccessibles aux adhérents individuellement.

Cela a permis, ces dernières années, d’investir dans des cuves en inox avec refroidissement, des pressoirs pneumatiques et de nouvelles chaînes d’embouteillage.

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Féroce concurrence

Loin de la vision des coopératives étatiques des années 1960, les Vignerons de Carthage n’hésitent pas à ouvrir une partie du capital de leurs domaines à des investisseurs étrangers. L’allemand Langguth est ainsi partenaire dans le Magon, l’un des principaux domaines du pays.

Avec plus de 100 000 hectolitres de vins produits annuellement et un chiffre d’affaires qui avoisine les 50 millions de dinars (15 millions d’euros), la coopérative n’a pas retrouvé les volumes d’avant la révolution, mais l’heure n’est plus à la quantité.

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Les fortes taxes sur le marché intérieur (qui représente environ 80 % des ventes) et la féroce concurrence à l’international empêchent de tabler sur une croissance exponentielle. Les dirigeants misent donc sur la qualité de ses produits, avec la mise en place de sept appellations d’origine contrôlée (AOC) et de produits dans l’air du temps comme des vins pétillants et mousseux. Le défi à venir pour les Vignerons de Carthage consistera à renouveler les plants vieillissants, datant pour beaucoup de la colonisation.

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