Yaïr Lapid : « L’absence d’Israël à l’UA est une aberration historique en passe d’être résolue »

Normalisation des relations avec le Maroc, statut d’observateur à l’UA, fourniture de vaccins… L’État hébreu multiplie les initiatives sur le continent. Une montée en puissance que détaille son nouveau chef de la diplomatie.

Yaïr Lapid, lors d’une conférence de presse à Casablanca, au Maroc, le 12 août 2021. © AFP

Yaïr Lapid, lors d’une conférence de presse à Casablanca, au Maroc, le 12 août 2021. © AFP

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Publié le 9 janvier 2022 Lecture : 4 minutes.

Le président rwandais Paul Kagame, à droite, s’entretient avec le chef du gouvernement israélien, Benyamin Netanyahu, à Kigali, le 6 juillet 2016 © CYRIL NDEGEYA/AFP
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Israël-Afrique : l’offensive diplomatique de Tel-Aviv

Après avoir normalisé ses relations avec de nombreux pays, Israël continue de développer sa coopération sécuritaire et économique. Et espère intégrer l’Union africaine au titre d’observateur.

Sommaire

Cela fait maintenant six mois que Yaïr Lapid est devenu le nouveau ministre des Affaires étrangères d’Israël. De la normalisation en cours avec le Maroc à la coopération sécuritaire et économique, sans oublier le retour attendu d’Israël en tant qu’observateur à l’UA, l’ancien journaliste, âgé de 58 ans, revient sur les grands dossiers sensibles de son pays en Afrique.

Durant ces derniers mois, j’ai eu une douzaine de conversations avec mes homologues africains

Jeune Afrique : Vous avez été nommé ministre des Affaires étrangères il y a quelques mois. Quelle est votre feuille de route concernant l’Afrique ?

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Yaïr Lapid : L’histoire de nos relations avec le continent est très riche depuis les années 1950. Notre ministre des Affaires étrangères d’alors, et futur Premier ministre, Golda Meir, a défini les grandes lignes de l’approche politique, économique, stratégique et humanitaire d’Israël envers l’Afrique. Nous continuons de marcher dans ses pas, en élargissant nos relations bilatérales et multilatérales.

Durant ces derniers mois, j’ai eu une douzaine de conversations avec mes homologues africains, et j’ai été impressionné par la confiance, le respect et les intérêts que nous partageons. Israël et l’Afrique ne sont pas uniquement reliés physiquement, à travers notre frontière terrestre commune, mais également par tous les principaux aspects de la vie ; de la santé à la sécurité alimentaire, du changement climatique à l’innovation technologique, en passant, bien sûr, par la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme. Nos efforts joints ont déjà eu des impacts significatifs bénéfiques pour tous, et cela va se poursuivre.

Comment définiriez-vous, aujourd’hui, l’état des relations entre Israël et le continent africain ?

Israël entretient actuellement des liens avec 46 pays en Afrique. Ces dernières années, nous avons connu un rapprochement significatif avec le Soudan, le Tchad avec lequel nous avons rétabli nos relations diplomatiques, ou encore le Maroc dans le cadre de nos accords de normalisation.

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L’aide importante et les actions de développement portées par Israël dans des domaines pour lesquels le pays dispose d’une réelle expertise– l’agriculture, la santé publique, l’éducation et l’innovation – reflètent notre volonté de coopérer très étroitement avec les pays du continent. De plus, les compétences technologiques d’Israël, en tant que start-up nation, peuvent significativement renforcer le processus de développement du continent, dans le respect de l’Agenda 2063 proposée par l’UA, en particulier dans les secteurs de l’innovation et de l’entrepreneuriat.

J’ai confiance dans le fait que notre vision est aujourd’hui partagée par une majorité écrasante des pays membres de l’UA

Que signifie pour Israël l’obtention du statut d’observateur auprès de l’UA ?

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Étant donné la qualité de nos relations avec les pays et les populations du continent, il semble naturel que notre relation avec la plus importante organisation panafricaine soit formalisée à travers l’attribution de ce statut d’observateur. Comme je l’ai dit au chef de l’État congolais Félix Tshisekedi, l’actuel président de l’UA, lors de sa visite à Jérusalem, l’absence de représentation d’Israël est une aberration historique en passe d’être résolue.

J’ai confiance dans le fait que notre vision est aujourd’hui partagée par une majorité écrasante des pays membres de l’UA, et que ceux-ci le feront savoir au moment d’engager le débat lors de l’assemblée de février.

Que représente pour vous la normalisation en cours avec le Maroc, et va-t-elle avoir des conséquences sur les relations avec l’ensemble du continent ?

Cette reprise de relations diplomatiques complètes entre Israël et le royaume du Maroc constitue un grand pas pour nos relations avec l’ensemble de la région. L’année dernière, nous avons vu un nouveau contexte émerger au Moyen-Orient. Les liens diplomatiques, économiques, sécuritaires, culturels, tissés lors des accords de normalisation avec le Maroc, les Émirats arabes unis et Bahreïn, ont renforcé nos partenariats, et mené à davantage de prospérité et de stabilité pour tous.

Pas un jour ne passe sans qu’un nouvel accord ne soit signé, qu’une nouvelle initiative de coopération ne soit dévoilée ou qu’une visite officielle historique ne soit organisée. Et pas seulement avec nos nouveaux amis : nous approfondissons également notre coopération avec nos partenaires régionaux traditionnels, comme l’Égypte et la Jordanie. Israël a déjà des relations fortes et dynamiques avec de nombreux pays d’Afrique. Parce que nous les établissons sur des fondations solides, nous espérons fermement que ce cycle de paix, avec les progrès qu’il engendre, s’étendra au rythme des accords de normalisation signés avec d’autres pays du continent. Nous y sommes prêts.

Que compte faire le gouvernement pour renforcer le réseau et l’influence d’Israël en Afrique ?

À la suite de l’adoption du budget pour les années 2021 et 2022 – avec une augmentation de 18 % pour le ministère des Affaires étrangères –, j’ai demandé à ce que nous accroissions notre représentation diplomatique sur le continent. Cela signifie, dans un premier temps, que le nombre de nos diplomates en poste dans nos ambassades existantes va augmenter, avant de réfléchir à en ouvrir davantage.

La consolidation de notre présence sur le terrain aura un effet durable sur la force de nos relations. Nous cherchons également à développer nos échanges commerciaux, et à partager nos pratiques et notre expérience dans la lutte contre la pandémie du Covid-19. Je suis personnellement ravi qu’Israël ait récemment fourni un million de vaccins AstraZeneca aux pays africains, via l’initiative Covax. Cette décision est un des aspects de la contribution israélienne à l’effort global pour éradiquer la pandémie en facilitant l’accès aux vaccins pour tous.

Votre gouvernement travaille-t-il avec les autres acteurs israéliens présents en Afrique – entreprises, universités, ONG – à la définition d’une stratégie commune ?

Notre gouvernement encourage les acteurs non gouvernementaux à être actifs, et nous essayons de trouver des moyens créatifs pour soutenir leurs activités. Je suis particulièrement fier du travail réalisé par les ONG israéliennes qui, depuis des années, apportent en Afrique le meilleur de notre pays.

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