« Quoi de neuf au Café de l’Univers ? » se demande-t-on naturellement, en ouvrant le dernier recueil de nouvelles de notre collaborateur Fouad Laroui, qui situe souvent ses saynètes dans ce haut lieu de la vie casablancaise, où une tablée d’habitués (Hamid, Najib, Torrès et les autres) ont pour seule occupation de refaire le monde tous les jours – ce qui, certes, n’est pas une mince affaire.
Réunis autour d’un Youki-Cola, cette tripotée de copains (qui parfois en viennent aux mains, mais l’important est d’être ensemble) jouent à se la jouer. Les uns mentent effrontément, narrent des histoires aussi mirifiques qu’invraisemblables. Les autres s’en délectent. Doutent-ils un instant de la parole de leur narrateur ? Celui-ci brandit le deus ex machina : le Makhzen (l’État marocain) tant redouté, lequel prend pour avatars un commissaire de police, un ministre de l’Intérieur (feu Driss Basri, l’âme damnée de Hassan II) ou tout fonctionnaire susceptible d’être une émanation de ces forces obscures.
Le frisson parcourt alors l’échine des auditeurs, prêts à admettre tout ce qu’on veut leur faire croire. Par exemple, que Torrès a dompté une harde de sangliers en leur distribuant de l’aspirine. Ou que le catcheur Ba Bouchaïb, sorte de Dr Jekyll et Mr Hyde, était à la fois Tawa l’Indien et le Vengeur masqué, jusqu’à ce que le combat du siècle soit organisé entre ces deux champions qui ne faisaient qu’un.
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Un Polonais débarque en ville ? À cet étranger en quête d’exotisme, nos compères font miroiter l’organisation d’un faux mariage. Le voilà berné et marié pour de vrai à une belle autochtone. Qui croire, dans ce royaume de l’absurde ? Le lecteur, décontenancé mais ravi, applaudit. Bravo Laroui.
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