Afreximbank gagne du terrain… et du crédit

Encore peu connue, la Banque africaine d’import-export a ouvert fin mai son troisième bureau régional, à Abidjan . Elle vise la place de leader continental du financement du commerce.

Jean-Louis Ekra achève cette année son deuxième mandat à la tête d’Afreximbank. © CAF Banco de Desarrollo/Flickr

Jean-Louis Ekra achève cette année son deuxième mandat à la tête d’Afreximbank. © CAF Banco de Desarrollo/Flickr

Publié le 16 juin 2015 Lecture : 3 minutes.

Progressivement, la Banque africaine d’import-export (Afreximbank) tisse sa toile sur le continent. Créée en 1993 à l’initiative de la Banque africaine de développement (BAD), cette institution basée au Caire a ouvert à la fin de mai, à Abidjan, son troisième bureau régional, après Harare et Abuja. À terme, elle prévoit de s’implanter dans chacune des régions économiques du continent, notamment au Maghreb, sur le Marché commun de l’Afrique orientale et australe (Comesa), dans la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) et la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC).

Objectifs affichés : se rapprocher de ses clients, gagner en visibilité et se positionner comme la banque leader du financement du commerce sur le continent.

En dix ans, Jean-Louis Ekra, le président sortant, a multiplié par six le capital d'Afreximbank. © DR

En dix ans, Jean-Louis Ekra, le président sortant, a multiplié par six le capital d'Afreximbank. © DR

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Sous la houlette de l’Ivoirien Jean-Louis Ekra, son président, qui arrive au terme de son second mandat de cinq ans, Afreximbank s’est donné les moyens de ses ambitions. Ces dix dernières années, son capital est passé de 750 millions à 5 milliards de dollars (environ 4,5 milliards d’euros). Bien que cette augmentation de capital ne soit pas encore totalement souscrite, les actionnaires d’Afreximbank, parmi lesquels 38 États africains et la BAD, ont déjà autorisé l’opération.

L’institution, notée « Baa2 » par Moody’s et « BBB- » par Fitch, prévoit par ailleurs une série de levées de fonds : entre 400 millions et 600 millions de dollars sous la forme d’émissions d’obligations sur les marchés internationaux, et environ 500 millions de dollars d’eurocrédits auprès de 35 banques à Londres. « Nous attendons que la Réserve fédérale américaine donne ses nouveaux taux puisque nous empruntons en dollars. Nous comptons être sur les marchés ce mois-ci ou en septembre », confie à Jeune Afrique Jean-Louis Ekra, qui précise que la banque réfléchit également à une levée de fonds en yuan.

Privatisation

Encore peu connue, il y a peu, des entrepreneurs africains, Afreximbank, qui se définit comme étant à la fois une banque commerciale, de développement et d’investissement, s’est montrée très active sur le continent ces deux dernières années. Principalement en Afrique de l’Ouest, sa première zone d’activité avec un volume d’affaires de 1,87 milliard de dollars (soit 52 % de son portefeuille), et en particulier au Nigeria. Dans ce pays, elle a participé à la privatisation du secteur de la production et de la distribution de l’électricité, et accompagné les entreprises pétrolières locales lors de la cession des activités on-shore des multi-nationales Chevron et Shell.

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En Côte d’Ivoire, en marge de son installation à Abidjan, elle a accordé à la Société des lagunes 86 millions de dollars pour la construction d’un complexe hôtelier dans la capitale économique. Le pays a obtenu au total un financement de 300 millions de dollars, notamment au profit de la compagnie aérienne Air Côte d’Ivoire et de la Société des transports abidjanais (Sotra). Au Ghana, l’institution a ouvert aux banques commerciales une ligne de crédit d’environ 250 millions de dollars pour la période 2014-2015.

Chef de file

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Par ailleurs, dans ces trois mêmes pays, leaders de la production mondiale de fèves de cacao, Afreximbank a initié un projet de transformation massive du cacao, baptisé African Cocoa Initiative. La banque a apporté 460 millions de dollars à des entreprises privées appartenant à des investisseurs nationaux, en vue de créer localement davantage de valeur ajoutée.

L’institution, qui affirme recevoir chaque année 40 milliards de dollars de demandes de financement, auxquelles elle ne peut répondre qu’à hauteur de 8 milliards de dollars, se positionne également dans les autres régions du continent. Elle a ainsi été le chef de file de la mise en place d’un prêt syndiqué de 2 milliards de dollars pour le financement de la nouvelle flotte de 20 avions de Kenya Airways. La banque panafricaine d’import-export devrait d’ailleurs ouvrir prochainement un quatrième bureau régional à Nairobi.

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