Le Burkina Faso prend ses distances avec Monsanto

Mécontents de la qualité de la fibre, les producteurs vont diviser par deux les surfaces de coton cultivées avec des semences transgéniques de la firme américaine. Avant de les abandonner ?

L’interprofessionnelle des producteurs de coton burkinabè pourrait demander des dédommagements à Monsanto. © Robert Pratta/Reuters

L’interprofessionnelle des producteurs de coton burkinabè pourrait demander des dédommagements à Monsanto. © Robert Pratta/Reuters

Publié le 29 juin 2015 Lecture : 2 minutes.

Si ce n’est pas un camouflet, cela y ressemble. Les producteurs de coton burkinabè vont progressivement réduire les superficies consacrées au coton transgénique, soit quelque 660 000 ha au total. Selon nos informations, la décision aurait été actée par les trois sociétés cotonnières (Sofitex, Socoma et Fasocoton).

Cette semence OGM, produit d’une coopération entre l’américain Monsanto et la recherche publique burkinabè, représente 70 % des surfaces cultivées au Burkina Faso, premier producteur du continent avec 800 000 tonnes de coton-graine attendues en 2015-2016.

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Vendue à 26 000 F CFA par hectare (près de 40 euros), contre 870 F CFA pour la semence conventionnelle, sa principale promesse est de diviser par trois le nombre de traitements phytosanitaires nécessaires. Si cet objectif a été rempli, il semble que les rendements soient plus faibles que ceux attendus et surtout que la qualité se soit détériorée, selon Bruno Bachelier, chercheur spécialiste du coton au Centre de coopération international en recherche agronomique pour le développement (Cirad), à Paris. « Les résultats sont en dessous des attentes, c’est admis. D’ailleurs, les pays voisins n’ont pas suivi le mouvement », soutient-il.

Dédommagement

Selon une source interrogée par Jeune Afrique, l’interprofession envisage de réclamer à la firme américaine un dédommagement pour le manque à gagner (lié à la décote sur le marché d’un coton de moins bonne qualité) de plusieurs dizaines de milliards de francs CFA accumulé depuis l’introduction du transgène en 2009.

Dans ce bras de fer entre les sociétés cotonnières et Monsanto, ce dernier se défend : « Plusieurs facteurs ont un impact sur la qualité de la fibre de coton, dont les conditions environnementales. Mais nous travaillons avec nos partenaires pour livrer un coton transgénique aux performances indéniables », avance Doulaye Traoré, le directeur des affaires publiques Afrique de l’Ouest chez Monsanto Burkina. Il faut dire qu’avec un chiffre d’affaires de près de 2 milliards d’euros dans la région Europe-Afrique au titre de l’exercice clos à la fin d’août 2014, l’enjeu est grand pour Monsanto. Depuis quelques années, il tente d’avancer ses pions sur le continent. Un échec au Burkina Faso, considéré comme son cheval de Troie en Afrique de l’Ouest, pourrait sérieusement compromettre ses ambitions.

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