Fast-food : pourquoi l’Algérie boude les internationaux
Difficultés administratives, absence d’industrie, problèmes d’importation… Les grandes enseignes ont bien du mal à s’implanter dans le pays le plus attractif de la région.
À Alger, il est plus aisé de manger un chawarma que de dénicher un bon couscous. La capitale compte dix comptoirs de restauration rapide pour un restaurant traditionnel, selon le Centre national du registre de commerce (CNRC), qui a recensé près de 7 000 fast-foods en 2012, soit 3,34 % du nombre total des commerçants de la ville.
Malgré ce dynamisme, le nombre de franchises d’enseignes internationales de restauration rapide se compte sur les doigts d’une main. La tentative de Quick en 2007 a tourné court. « Nos restaurants étaient exploités par un franchisé indépendant [le groupe Olivier Bertrand] qui a pris unilatéralement la décision de les fermer.
Ayant pris acte de ces fermetures et d’autres points de non-respect du contrat, nous avons cessé toute relation commerciale avec ce franchisé sur le territoire algérien », explique-t-on chez Quick. Contacté, le groupe Olivier Bertrand, qui a depuis revendu sa licence Quick et s’est allié en France avec Burger King, n’a pas souhaité s’exprimer.
« À chaque fois que les grosses chaînes de restauration s’intéressent au Maghreb, c’est l’Algérie qui suscite le plus d’intérêt. Mais c’est aussi le pays qui présente toujours le plus de difficultés », explique Bernard Boutboul, directeur du cabinet Gira Conseil, qui accompagne les grandes enseignes désireuses de s’implanter en Afrique.
Stratagème
L’obligation de tout fabriquer localement, la nécessité d’obtenir une autorisation de la Banque d’Algérie pour tout transfert de droits d’entrée et de royalties, et la cherté des baux commerciaux freinent les investisseurs. Et obligent les rares candidats à s’armer de patience tout en usant d’ingéniosité.
« Nous avons une franchise déguisée », confie Saïd Younsi, directeur des restaurants Dal’s Burger, Gold’n’Brown et Granada Pizza, trois noms américains du fast-food installés à Alger en novembre 2013. « Le franchiseur se trouve dans le capital pour cinq ans », détaille le responsable, qui s’est associé avec un investisseur algérien et trois étrangers « issus du milieu de la franchise » et originaires de Jordanie, du Yémen et des Émirats arabes unis pour réaliser le projet.
« Nous avons été contraints d’user de ce stratagème car nos demandes de transferts d’argent n’ont jamais reçu de réponse de la Banque d’Algérie. »
Ce problème résolu, d’autres sont apparus. « Notre métier demande une industrie dont l’Algérie ne dispose pas », remarque Saïd Younsi. Résultat : pour se conformer à la réglementation, la société a dû s’équiper d’une cuisine centrale très sophistiquée capable de transformer le poulet, augmentant au passage les coûts d’investissement.
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