Quand le FMI lâche les riches…

Faut-il que les plus fortunés gagnent un maximum d’argent pour que les pauvres en profitent à leur tour ? Sûrement pas. Et c’est le Fonds monétaire international, chantre de l’ultralibéralisme, qui le dit.

L’ancienne ministre française des Finances, Christine Lagarde, dirige le FMI depuis juillet 2011. © Bruno Levy pour Jeune Afrique

L’ancienne ministre française des Finances, Christine Lagarde, dirige le FMI depuis juillet 2011. © Bruno Levy pour Jeune Afrique

ProfilAuteur_AlainFaujas

Publié le 23 juin 2015 Lecture : 2 minutes.

Le FMI abandonnerait-il la thèse ultralibérale du « ruissellement » (trickle down, en anglais), mise à la mode dans les années 1980 par le président américain Ronald Reagan et la Première ministre britannique Margaret Thatcher, selon laquelle enrichir les riches profite à tous ?

Pour illustrer cette thèse, on utilise l’image d’une pyramide de coupes de champagne, dont on abonde les plus élevées jusqu’à ce que le breuvage déborde sur les suivantes et ainsi de suite, par ruissellement, jusqu’à la base de la pyramide. Transcrite en termes de fiscalité, cette image entend prouver qu’une baisse des impôts des plus riches finit par grossir les revenus des plus pauvres.

Le saviez-vous ? Une hausse de 1 % des revenus les plus faibles dope la croissance de 0,38 point ?

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La doctrine dite « consensus de Washington » qu’a longtemps pratiquée le FMI s’en est inspirée et a poussé celui-ci à conseiller aux gouvernements des réductions d’impôts tous azimuts. Elles ont contribué incontestablement à enrichir les riches… et à accroître les inégalités partout dans le monde. Il y a quinze jours, l’OCDE l’a une fois de plus souligné.

Nocif

Mais il y a une nouveauté, et de taille : le 1er juin, le Fonds a publié une étude intitulée « Causes et conséquences de l’inégalité de revenus », dans laquelle il démontre que l’enrichissement des riches est carrément nocif pour la croissance. Quand le revenu des 20 % les plus aisés augmente de 1 %, celle-ci est amputée de 0,08 point dans les cinq ans qui suivent. A contrario, une hausse de 1 % des revenus les plus faibles dope la croissance de 0,38 point.

L’ONG Oxfam, qui dénonce régulièrement l’aggravation des inégalités à l’échelle planétaire, n’a pas manqué l’occasion de commenter ce « scoop ». « Le FMI démontre ainsi que la théorie du ruissellement est morte, a déclaré Nicolas Mombrial, responsable de son bureau de Washington. Et le message qu’il envoie aux gouvernements est clair : si vous voulez de la croissance, vous feriez mieux d’investir dans la défense des plus pauvres, dans les services publics de base et de promouvoir des politiques fiscales redistributives. » Messieurs les milliardaires, la fête risque d’être gâtée par des feuilles d’impôts moins légères que par le passé.

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