Grèce – Zone euro : par ici la sortie !

Les négociations sur la dette avec les Européens et le FMI piétinent, chacun campant sur ses positions. Un retrait de la zone euro est-il possible ? Ce serait la faillite assurée.

Manifestation de soutien au gouvernementd’Alexis Tsipras, à Athènes, le 17 juin. © CITIZENSIDE/DENIS SPILET/AFP

Manifestation de soutien au gouvernementd’Alexis Tsipras, à Athènes, le 17 juin. © CITIZENSIDE/DENIS SPILET/AFP

ProfilAuteur_AlainFaujas

Publié le 24 juin 2015 Lecture : 3 minutes.

C ‘est le branle-bas de combat en Europe. Gouvernements, banques centrales et entreprises se préparent à la déflagration que risque de provoquer, à la fin de ce mois, l’incapacité de la Grèce à rembourser ses créanciers. Les dix-neuf ministres des Finances de l’Eurogroupe ont, le 18 juin, échoué à concilier le désir des Grecs d’en « finir avec les sacrifices », comme l’ont crié la veille des milliers de manifestants à Athènes, et le refus des Européens et du FMI de continuer à prêter à un pays qui rechigne à se réformer.

Les positions sont figées. Le gouvernement dirigé par le parti Syriza (gauche radicale) adopte une posture politique : il a été élu pour combattre l’austérité et en finir avec l’humiliation d’un pays sous la tutelle de l’Union européenne (UE), de la Banque centrale européenne (BCE) et du FMI. Invoquant les concessions qu’il estime avoir déjà faites, il soupçonne ses créanciers de vouloir l’abattre en le forçant à se déjuger. Et il exige une réduction de sa dette colossale.

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De leur côté, les trois bailleurs de fonds en ont assez des zigzags d’un gouvernement qui privilégie l’idéologie au détriment de la réflexion économique. « Il y a une limite au financement et à l’allègement de dette que les créditeurs gouvernementaux ne sont ni disposés ni capables de fournir en considération de leurs propres contribuables », résume sur son blog Olivier Blanchard, chef économiste du FMI.

Les négociateurs des deux camps ont pourtant fait des efforts. Ils sont tombés d’accord pour que la Grèce dégage un excédent budgétaire avant remboursement de ses dettes de 1 %, au lieu des 3,5 % prévus. Manquent 2 milliards de dollars (1,8 milliard d’euros) pour y parvenir. Les créanciers proposent d’augmenter la TVA, mais le gouvernement d’Alexis Tsipras refuse l’envolée de 10 % du prix de l’électricité qui en résulterait. Ils demandent aussi une diminution du montant des retraites, car les pensions des Grecs sont équivalentes à celles des Allemands, qui travaillent six ans de plus qu’eux. Sans parler de la fraude, qui permet à 20 000 défunts de continuer à toucher leur retraite !

« Pas question de baisser une nouvelle fois les revenus des retraités, dont 45 % vivent déjà au-dessous du seuil de pauvreté », clame le gouvernement. « Alors, trouvez ailleurs les 2 milliards qui vous manquent », rétorquent UE, BCE et FMI. Athènes promet de combattre la fraude fiscale, de privatiser quelques propriétés publiques… « Pas à la hauteur de la situation, et pas assez fiable », répond l’autre camp.

L’enchaînement fatal pourrait se poursuivre lors du sommet européen exceptionnel du 22 juin. Si aucun accord n’y est trouvé, les 7,2 milliards d’euros que la Grèce est censée percevoir dans le cadre du plan d’aide ne seront pas débloqués. Le gouvernement Tsipras se trouvera alors dans l’incapacité de rembourser 1,6 milliard d’euros au FMI. Et la Grèce rejoindra le Zimbabwe et la RD Congo sur la liste des pays faillis. Et ce n’est pas tout ! Le 20 juillet, elle ne sera pas non plus en mesure de rembourser 3,5 milliards d’euros à la BCE, qui coupera alors la ligne de crédit dont bénéficient les banques grecques. Dans l’incapacité de prêter, celles-ci devront être nationalisées. Un contrôle des changes sera instauré pour éviter que les Grecs, pris de panique, vident leurs comptes bancaires. L’État ne pourra plus payer ses fonctionnaires et devra créer une monnaie parallèle dont la dépréciation atteindra vite 50 %. Le produit intérieur brut du pays baissera de 10 %, et l’inflation flambera. Quant au chômage, sa hausse devrait être exponentielle…

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Pour le reste de l’Europe, une sortie de la Grèce de l’euro provoquera des dégâts bien moindres. La France, par exemple, perdra dans l’aventure 40 milliards d’euros. Les Bourses et les marchés financiers baisseront pendant quelques mois. L’euro aussi. En réalité, le pire n’est pas tout à fait sûr tant que les protagonistes de la crise – la chancelière allemande en tête – afficheront leur volonté de trouver une issue. Les échéances seront-elles reportées de mois en mois ? Les Grecs, qui souhaitent majoritairement demeurer dans l’euro, seront-ils appelés à voter pour ou contre les exigences de leurs créanciers ? Pour l’instant, personne n’en a la moindre idée.

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