Mali : Dioncounda Traoré, sa vie loin des projecteurs

Il y a trois ans, Dioncounda Traoré manquait d’être lynché dans son palais. Depuis, l’ancien président de la transition malienne a quitté le devant de la scène. Mais occupe activement ses journées de retraité.

À Bamako, en juin 2013. Trois mois plus tard, il quittait le pouvoir. © HABIB KOUYATE/AFP

À Bamako, en juin 2013. Trois mois plus tard, il quittait le pouvoir. © HABIB KOUYATE/AFP

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Publié le 24 juin 2015 Lecture : 3 minutes.

Il vient de tourner une nouvelle page de sa longue carrière politique nationale. Peut-être même la dernière. Le 25 mai, après quinze années à la tête de l’Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice (Adema-Pasj), Dioncounda Traoré, 72 ans, a quitté la présidence du comité exécutif du « parti de l’abeille ». Un moment forcément émouvant pour celui qui fut, en 1990, l’un des fondateurs de la principale formation politique malienne de ces deux dernières décennies, avec laquelle il a gravi tous les échelons : député, différents postes de ministre, président de l’Assemblée nationale et enfin président par intérim d’avril 2012 à septembre 2013.

Pas question pour autant de totalement couper les liens avec son parti. Dioncounda Traoré est encore secrétaire général de la section Adema-Pasj de Nara, son fief, situé à 400 km au nord de Bamako, où il continue de se rendre tous les deux mois. Mais ses activités partisanes ne remplissent qu’une partie de l’agenda chargé de cet actif retraité depuis qu’il a transmis le pouvoir à Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), en septembre 2013. Jouissant du statut d’ancien chef de l’État, l’homme à la célèbre écharpe blanche bénéficie à ce titre d’un cabinet permanent de plusieurs personnes (un directeur de cabinet, des chargés de mission, une assistante, un aide de camp, du personnel de sécurité…) et d’un bureau dans le quartier d’affaires bamakois d’ACI 2000. Il y reçoit quotidiennement des personnalités politiques, des figures de la société civile, mais aussi des artistes et des sportifs, comme récemment le footballeur Salif Keïta.

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Les relations avec son successeur, IBK, et son équipe sont plus fraîches. En cause : un vieux litige immobilier. Lorsqu’il était président par intérim, Dioncounda Traoré n’a jamais habité dans le palais de Koulouba, d’abord endommagé par le coup d’État du 21 mars 2012, puis saccagé le 21 mai de la même année (journée durant laquelle il fut pratiquement lynché à mort par des manifestants). Il avait donc jeté son dévolu sur l’habituelle résidence des Premiers ministres, située dans le quartier militarisé de l’ex-base aérienne. Avant de quitter ses fonctions présidentielles, Dioncounda Traoré s’était attribué cette villa par décret, avec l’accord du Conseil des ministres. Une fois investi, IBK a rapidement abrogé ce décret, considérant que l’endroit devait rester la résidence officielle du chef du gouvernement. S’est ensuivi un long bras de fer de plusieurs mois, conclu début avril par le déménagement de Dioncounda et de son épouse, Mintou Doucouré, dans leur maison d’ACI 2000.

Mathématicien de formation, ancien pratiquant d’arts martiaux, l’ancien président est aussi un féru de sport. Il apprécie particulièrement le cyclisme – il rate rarement les courses organisées par la fédération malienne, qui a d’ailleurs créé, en avril, le grand prix Dioncounda-Traoré – et le football.

Souvent convié aux cérémonies officielles, Dioncounda Traoré a aussi effectué plusieurs voyages à l’étranger depuis qu’il a quitté la présidence. Plus récemment, il a conduit la mission de l’Union africaine (UA) chargée d’observer les élections législatives d’avril dernier au Bénin. Après avoir décidé de ne pas briguer le secrétariat général de la Francophonie, en septembre 2014, il ne serait désormais pas opposé à jouer un rôle d’« envoyé spécial de l’UA » dans un pays en crise, à l’image de son prédécesseur Alpha Oumar Konaré, nommé début juin pour tenter de résoudre le conflit sud-soudanais.

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