Terrorisme : Boko Haram, monstre blessé

Adieu conquêtes et proclamation du califat. Depuis que les armées de la région se sont réveillées, la secte Boko Haram est aux abois.

Sur les lieux de l’attentat suicide à N’Djamena, le 15 juin 2015. © Brahim Adji/AFP

Sur les lieux de l’attentat suicide à N’Djamena, le 15 juin 2015. © Brahim Adji/AFP

Publié le 22 juin 2015 Lecture : 2 minutes.

Faut-il y voir l’explication du double attentat qui a touché le Tchad le 15 juin ? Boko Haram est aujourd’hui une bête blessée qui lutte pour sa survie. Donc redoutable et plus enragée encore. Elle semble loin, en effet, l’époque où la secte parlait d’établir un califat dans la région, contrôlait la plupart des villes de l’État de Borno (Nigeria) et s’apprêtait à reconquérir Maiduguri, son fief historique. C’était en janvier…

Depuis, le Tchad, le Cameroun et le Niger sont entrés en guerre et en territoire nigérian. Puis Muhammadu Buhari, élu à la tête du Nigeria, a fait de l’éradication de la secte sa priorité. En l’espace de quelques mois, les insurgés ont perdu les villes qu’ils avaient conquises durant le second semestre 2014. L’armée nigériane est même entrée dans la forêt de Sambisa, l’un de leurs refuges jadis imprenable… avant de s’en retirer. « Ils ont perdu beaucoup de combattants et des armes. Leurs réseaux logistiques ont été démantelés », indique une source militaire française. « Ils n’arrivent plus à s’approvisionner, constate un militaire tchadien. Ils sont aux abois. »

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Ils sont réduits à se terrer à Sambisa, donc, ainsi que dans les monts Mandara, à la frontière avec le Cameroun, et surtout dans les îles du lac Tchad, où, selon plusieurs sources, ils tenteraient de s’infiltrer avant la saison des pluies. « Ces îles sont difficiles d’accès. Pendant les pluies, ils y seront tranquilles. On ne pourra les frapper que par les airs », indique un militaire tchadien. Pour ce faire, le Niger a procédé à l’évacuation complète de ses îles début mai, le Tchad n’en évacuant que les plus stratégiques.

Selon certaines sources militaires, l’éradication de Boko Haram ne serait plus qu’une question de mois. D’autres sont plus réservées. « Ils ont pris cher, mais le cœur du groupe reste intact et ils disposent d’un inépuisable vivier de recrues, constate un officier de renseignements occidental. Il est peu probable que les insurgés attaquent les armées régulières frontalement, comme en 2014. Sans doute opteront-ils pour une stratégie de guérilla, et répandront-ils la terreur. » Le 17 juin, des hommes de Boko Haram ont ravagé deux villages du Niger, tuant 38 civils et incendiant plus de 100 maisons, selon Niamey.

Le double attentat de N’Djamena s’inscrit peut-être dans cette nouvelle donne. Mais les services de renseignements avancent une autre hypothèse : ces attaques pourraient découler des dissensions qui déchireraient la secte depuis que son chef, Abubakar Shekau, a fait allégeance à l’État islamique. On ne l’a plus revu après cette déclaration.

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