Katanga : dans le triangle de la mort

Combattants maï-maï, miliciens luba, rebelles pygmées… Les FARDC ont fort à faire pour neutraliser les groupes armés qui sévissent entre Mitwaba, Manono et Pweto, dans le nord-est de la province.

Un Casque bleu de la Monusco surveillant les abords d’un village du territoire de Manono, en octobre 2014. © MONUSCO

Un Casque bleu de la Monusco surveillant les abords d’un village du territoire de Manono, en octobre 2014. © MONUSCO

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Publié le 1 juillet 2015 Lecture : 2 minutes.

Le square George-Forrest, à Lubumbashi (statue de l’artiste lushois Daddy Tshikaya) © Gwenn Dubourthoumieu/J.A.
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Bye-bye Katanga

Le nouveau découpage de la RD Congo en 26 provinces devrait bientôt entrer en vigueur. Il prévoit notamment une division de la région du Katanga en quatre « provincettes » : Tanganyika et Haut-Lomami au nord, Lualaba et Haut-Katanga au sud. Plongée au coeur de cette grande province qui ne sera bientôt plus.

Sommaire

Abstraction faite des deux Kivus, le Katanga est la province la plus instable de la RD Congo. Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU, entre 2012 et 2014, plus de 500 000 personnes y ont été contraintes de quitter leurs villages pour fuir l’insécurité. Depuis 2010, des miliciens maï-maï sèment la terreur dans le nord-est de la province, principalement sur les territoires de Mitwaba, Manono et Pweto ; une zone désormais surnommée le « triangle de la mort ».

Les Casques bleus dépourvus de mandat offensif

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Contrairement aux trois contingents de la brigade d’intervention des Nations unies, qui, aux côtés des Forces armées de la RD Congo (FARDC), traquent les groupes armés dans le Nord-Kivu et dans le Sud-Kivu, les quelque 400 Casques bleus présents au Katanga sont dépourvus de mandat offensif. « Nous apportons toutefois un soutien logistique à l’armée », précise Nana Rosine Ngangoue, porte-parole de la Monusco à Lubumbashi. Mais c’est aux FARDC qu’il appartient de « faire le job » : traquer et neutraliser les groupes armés locaux.

Le général Philémon Yav se veut rassurant. « La situation est désormais calme et sous contrôle » dans le nord du Katanga, affirme l’officier dans son bureau du quartier lushois du Golf. Depuis son arrivée à la tête de l’état-major de la XXIIe région militaire des FARDC – après quelques faits d’armes dans le Kivu, où il a notamment combattu le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) en 2007 et le Mouvement du 23-Mars (M23) en 2013 -, le général Yav s’attaque aux combattants maï-maï Bakata Katanga (« détacher le Katanga », en swahili) et aux rebelles des Éléments katangais, une milice luba.

Multiplication des patrouilles des FARDC

Cette dernière affronte régulièrement des miliciens pygmées, qu’elle accuse de commettre des exactions contre les civils de sa communauté. Le 24 mars, des Éléments katangais ont même réussi à mettre la main sur le « général » autoproclamé Nyumba-Isha, « considéré comme le commandant le plus agressif de la milice pygmée au nord-est du territoire de Manono », selon la Monusco.

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Pour mettre fin à cet imbroglio sécuritaire, les FARDC ont multiplié les patrouilles. Les services de renseignements, mis à contribution, procèdent à des interpellations de civils soupçonnés d’appuyer les groupes armés. Cette présence de plus en plus visible des soldats congolais rassure les déplacés, qui commencent à regagner leurs villages. Les miliciens, eux, se retranchent dans la brousse.

S’achemine-t-on vers la pacification du nord de la province ? La Monusco veut y croire. « À titre expérimental », la mission onusienne a même désigné Manono comme « îlot de stabilité », où elle compte déployer de manière permanente sa police, l’Unpol, et des effectifs civils pour tenter de rassurer la population et de relancer les activités sur le territoire. Ainsi, début avril ont commencé les travaux de construction de l’état-major et de réhabilitation du commissariat local de la police nationale congolaise, dont 138 fonctionnaires sont formés par l’Unpol. Des centres de santé et des écoles doivent également être remis en état. Objectif : que la paix s’installe durablement.

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