Mongi Hamdi (Minusma) : « Certains vont essayer de faire dérailler le processus de paix » au Mali

Mongi Hamdi, chef de la Mission des Nations unies au Mali (Minusma), analyse la situation dans le pays au lendemain de la signature de l’accord d’Alger par les mouvements rebelles du Nord. Interview.

Mongi Hamdi, chef de la Mission des Nations unies au Mali (Minusma) © Vincent Fournier/J.A.

Mongi Hamdi, chef de la Mission des Nations unies au Mali (Minusma) © Vincent Fournier/J.A.

BENJAMIN-ROGER-2024

Publié le 1 juillet 2015 Lecture : 2 minutes.

JEUNE AFRIQUE : Maintenant qu’un accord a été trouvé, peut-on dire que la paix est de retour dans le Nord-Mali ?

MONGI HAMDI : C’est un grand pas en avant, mais ce n’est que la première étape d’un long processus de paix et de réconciliation, et la mise en œuvre de l’accord ne sera pas facile. Il y a beaucoup de forces négatives dans le Nord qui ne veulent pas de la paix parce que cela n’est pas bon pour leurs affaires.

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Comment cet accord va-t-il être mis en œuvre ?

La première mesure sera de redéployer l’armée malienne sur tout le territoire. Quant aux rebelles, ils seront intégrés dans les Forces armées maliennes chargées d’assurer la sécurité et la défense du nord du pays.

Le Gatia est-il une milice directement contrôlée par le gouvernement malien ?

C’est ce que tout le monde disait au début mais, franchement, la manière dont se comporte ce groupe armé depuis quelques semaines me fait penser que le gouvernement n’a pas de contrôle sur lui. L’occupation de Ménaka par le Gatia [source de tensions avant la signature de l’accord de paix] n’a pas été approuvée par le gouvernement. Le président IBK m’a affirmé qu’il la désapprouvait. Le Premier ministre m’a dit la même chose, tout comme la plupart des ministres avec qui j’ai parlé.

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En quoi le texte qui vient d’être signé est-il différent de ceux qui ont déjà été paraphés à Tamanrasset en 1991 ou à Alger en 2006 ?

Les précédents accords ne concernaient que l’Algérie, le gouvernement malien et les rebelles. Aujourd’hui, l’Algérie, l’ONU, la communauté internationale et tous les voisins du Mali sont derrière cet accord. Nous sommes tous là pour accompagner les Maliens. La différence est très claire.

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La Minusma est-elle suffisamment soutenue par Bamako ?

C’est vrai qu’il y a eu beaucoup d’attaques médiatiques contre la Minusma. C’est en partie notre faute : nous n’avons pas su expliquer notre rôle et notre mandat à la population. J’ajouterais que nous n’avons pas besoin d’être soutenus par les autorités maliennes. Nous sommes là pour les aider. Le soutien dont nous avons besoin, c’est celui du Conseil de sécurité.

N’avez-vous pas été attaqués par des membres du gouvernement ?

Nous avons été pointés du doigt par toutes les parties maliennes. Si nous sommes accusés de partialité par toutes les parties, c’est que nous sommes en quelque sorte au milieu et que nous faisons notre travail comme il faut.

La Minusma a-t-elle les moyens techniques et humains pour mener à bien sa mission ?

Nous disposons de moyens robustes, mais le Mali est un vaste pays. Nous avons besoin de davantage de soutien logistique et militaire. Nous entrons dans une phase critique. Beaucoup d’éléments vont essayer de nous attaquer et de faire dérailler le processus. Nous devons être bien équipés pour défendre la cause de la paix.

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