Changement climatique : l’Afrique aussi est concernée
Lorsque des milliers de personnes voient leurs habitations ravagées par un cyclone, que des peuples doivent migrer parce que leurs terres sont devenues trop arides, que les inondations succèdent aux sécheresses et que les prévisions agricoles de certains pays sont constamment revues à la baisse, il n’y a plus aucun doute que la menace climatique est réelle et touche la planète entière.
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Abdoulaye Bio Tchané
Le Béninois Abdoulaye Bio Tchané est ancien président de la BOAD et président du conseil d’administration du Fonds africain de garantie (AGF).
Publié le 9 juillet 2015 Lecture : 3 minutes.
L’année 2015 sera, à plusieurs égards, capitale pour le monde en développement : en raison, d’une part, des négociations sur les nouveaux objectifs de développement et, d’autre part, des négociations sur le changement climatique, encore appelées COP21. Dans un cas comme dans l’autre se pose la question de la nature du développement que nous souhaitons et celle de l’environnement dans lequel nous voulons vivre. Mais il faut aussi prendre en compte les contextes des différentes régions du monde et le niveau d’engagement des dirigeants à adopter et à mettre en œuvre les prescriptions d’une éventuelle déclaration.
En matière de changement climatique les enjeux sont vraiment planétaires
Les discussions préliminaires sur les nouveaux objectifs du développement sont assez avancées. Il y a de fortes chances qu’en septembre, à New York, les chefs d’État aboutissent, au sein des Nations unies, à un accord en amont de la conférence qui se tiendra à Paris en fin d’année.
Depuis l’échec des négociations de Copenhague en 2009, les événements n’ont cessé de montrer qu’en matière de changement climatique les enjeux sont vraiment planétaires. Vanuatu et l’Europe récemment, la Thaïlande il y a quelques années, et l’Afrique plus régulièrement montrent qu’aucun pays dans le monde ne peut s’estimer hors de danger. Surtout, les coûts induits sont de plus en plus élevés.
La conférence de Paris se présente cependant sous de meilleurs auspices. Rappelons que l’échec à Copenhague venait essentiellement de l’opposition forte entre les pays riches d’une part et les pays pauvres d’autre part, tant les intérêts des deux parties paraissaient divergents. Mais depuis 2009, les États-Unis, sous la présidence de Barack Obama, la Chine et l’Inde ont enregistré des avancées notables sur le sujet. En Europe, François Hollande, hôte de la prochaine conférence, a engagé son leadership, laissant penser que le Vieux Continent pourrait se montrer plus flexible qu’auparavant. Du côté des pays pauvres, les lignes ont également bougé, avec de plus en plus d’États ouverts à une solution qui soit mutuellement bénéfique. Aussi, en général, le sentiment qu’on pourrait fixer des objectifs plus flexibles augmente les chances de parvenir à un accord multilatéral.
Le succès de la conférence de Paris doit se mesurer aussi bien par la signature d’un accord que par la substance de cet accord
Enfin, l’idée que le changement climatique est un phénomène réel et que des mesures doivent être prises par chacun pour participer à la réduction des émissions de gaz à effet de serre fait aujourd’hui l’objet d’un large consensus. Dans ce cadre, l’Afrique, l’un des continents les plus affectés par le changement climatique, prend aussi de plus en plus conscience des mesures à prendre.
Pour conclure, oui, les chances sont plus grandes pour que la conférence de Paris soit un succès. Mais la France a un important rôle à jouer pour que cela devienne une réalité. Le succès de la conférence de Paris doit se mesurer aussi bien par la signature d’un accord que par la substance de cet accord, qui devra contenir des engagements clairs. Il devra aussi faire ressortir des progrès notables dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre, contenir des engagements financiers consistants et prévoir les moyens de mobiliser ces ressources. Et pour que ces conditions soient réunies, il faudra que le président Hollande continue d’investir son crédit politique dans cette entreprise. Cela en direction des pays pauvres, comme il l’a fait récemment en visitant les Philippines. Mais aussi en direction des pays riches, notamment les pays européens, qui ont eu une lourde responsabilité dans l’échec de 2009. À ces conditions, et à ces conditions seulement, un accord vraiment bénéfique pour tous est possible.
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