Abderrahmane Benkhalfa : « La croissance algérienne ne peut plus être portée par la dépense publique »

Devenu expert financier après avoir quitté le poste de délégué général de l’Association des banques et établissements financiers (Abef) en 2012, le nouveau ministre des Finances algérien, Abderrahmane Benkhalfa, explique la politique gouvernementale.

Les pipelines de In Amenas. © HO/BP Petroleum Company/AFP

Les pipelines de In Amenas. © HO/BP Petroleum Company/AFP

ProfilAuteur_AlainFaujas

Publié le 9 juillet 2015 Lecture : 2 minutes.

Dans les médias, il n’hésitait pas à dire que le dinar aurait intérêt à être dévalué, que le Fonds de régulation des recettes (FRR) gagnerait à être transformé en fonds souverain et ne devait plus servir à combler les déficits, que la place du secteur public algérien était trop importante et que l’industrie nationale « a fait une longue sieste ». Nommé ministre des Finances le 14 mai, il nous explique la démarche du gouvernement. Des propos beaucoup moins sujets à controverse…

Jeune Afrique : Le budget rectificatif permettra-t-il à l’Algérie d’affronter les déficits qui s’annoncent ?

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Abderrahmane Benkhalfa : Nous travaillons dans la sérénité, car la gestion prospective et prudente qui a été conduite sous l’autorité du chef de l’État, Abdelaziz Bouteflika, nous donne une marge de manœuvre. L’endettement extérieur a été réduit par anticipation et notre couverture en devises nous assure vingt-six mois d’importations.

Mais la rente pétrolière est en train de se tarir…

Je ne parle pas de rente, plutôt d’optimisation de la ressource, qui doit désormais être utilisée pour diversifier notre économie. Celle-ci atteindra une croissance de 3,8 % en 2015 [2,6 % selon le FMI]. Notre gestion budgétaire n’est donc pas une gestion de crise et d’austérité, mais de rigueur.

Le secteur privé se plaint des liens qui l’entravent. Que faire ?

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Nous travaillons d’arrache-pied pour mobiliser les acteurs et tout particulièrement la sphère des entreprises. Nous voulons leur redonner de la compétitivité. Les partenariats public-privé avec des investisseurs d’Europe ou du Golfe sont le levain de la croissance de demain. Ils nous permettront de substituer aux importations des productions nationales, avant de passer aux exportations de nos produits agricoles et industriels. Les mesures de sauvegarde que nous avons prises en matière d’importations de ciment, d’électroménager, d’électronique ou d’agro-alimentaire sont destinées à conforter les marges de nos entreprises.

Ces mesures anti-importation ne bloquent-elles pas l’activité économique ?

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Pour parvenir au rééquilibrage de nos échanges, nous pratiquerons la professionnalisation et non la coercition, qui sera réservée au blanchiment et à la délinquance financière. Pour résumer, notre budget rectificatif apportera aux acteurs du marché des moyens nouveaux. Il permettra à l’Algérie de passer d’une croissance portée par la dépense publique à une croissance portée par tout le pays.

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