« Je n’irai pas à Marrakech cet été »

Depuis le début de l’année, le nombre de visiteurs français est en net recul au Maroc. Et l’attentat de Sousse ne va pas arranger les choses. Mais les professionnels du secteur se veulent rassurants.

Marrakech, haut lieu du tourisme au Maroc. © Martin Varsavsky/CC/Flickr

Marrakech, haut lieu du tourisme au Maroc. © Martin Varsavsky/CC/Flickr

ProfilAuteur_NadiaLamlili

Publié le 9 juillet 2015 Lecture : 2 minutes.

Mercredi 1er juillet. Tous les acteurs du tourisme marocain sont réunis dans un palace de Rabat. Une journée ramadanesque très chargée qui a débuté à midi pour s’achever après l’heure du f’tour (rupture du jeûne). « Ce n’est pas une réunion de crise faisant suite aux événements de Sousse, en Tunisie », préviennent d’emblée les opérateurs présents, comme pour réfuter d’avance tout dommage collatéral après la tuerie du 26 juin, qui a fait 38 morts, essentiellement des touristes étrangers. Le risque de voir les visiteurs occidentaux se détourner de la destination Maroc en raison de la menace terroriste n’en est pas moins réel. Un peu trop optimistes, les professionnels marocains semblent s’être donné le mot pour dire que leur pays arrive quand même à tirer son épingle du jeu. « La presse fait beaucoup de zèle en sonnant l’alerte. Il n’y a eu aucune annulation dans les hôtels après ces événements », avance Hamid Bentahar, président du conseil régional du tourisme de Marrakech, ville classée sixième destination mondiale, selon le site américain Tripadvisor.

Les commandes des voyageurs de l’Hexagone ont reculé de 46 % entre janvier et mai 2015 par rapport à la même période en 2014

Il y a pourtant lieu de s’inquiéter, d’autant qu’on a enregistré depuis le début de l’année un net recul des réservations, surtout sur le marché français, premier pourvoyeur de touristes au Maroc. Selon le baromètre du Syndicat national (français) des agences de voyages (Snav) publié le 23 juin, les commandes des voyageurs de l’Hexagone ont reculé de 46 % entre janvier et mai 2015 par rapport à la même période en 2014. Le Syndicat (français) des entreprises du tour operating (Seto) note de son côté une baisse de 31,1 % du nombre de voyageurs à forfait sur la même période. Des chiffres nuancés par le Maroc, qui attire l’attention sur le phénomène croissant de « désintermédiation » des transactions, les touristes passant de moins en moins par les tour-opérateurs ou par les agences de voyages pour réserver leur séjour. En outre, ajoutent les Marocains, cette désaffection a été compensée par la hausse du nombre de visiteurs d’autres nationalités, comme les Allemands (+ 18 %) et les Britanniques (+ 6 %).

la suite après cette publicité

L’exécution d’Hervé Gourdel en Algérie en septembre 2014, l’attentat de Charlie Hebdo à Paris en janvier, ceux en Tunisie du Bardo en mars et de Sousse en juin ont visiblement échaudé les Français, qui s’orientent davantage vers des destinations comme le Portugal et l’Espagne. En outre, la communication tous azimuts des autorités marocaines sur le démantèlement de cellules terroristes, dont le dernier, le 11 juin, concerne un groupe qui projetait d’enlever et de liquider des touristes, a ajouté à la méfiance au lieu de rassurer. Surtout qu’elle survient après une crise diplomatique d’un an entre les deux pays au cours de laquelle le Quai d’Orsay avait lancé un appel à la vigilance aux ressortissants français dans une quarantaine de pays, dont le Maroc. Face aux vives protestations du royaume, la France avait finalement retiré le Maroc de la liste.

On l’aura compris, les pays arabes à forte vocation touristique, comme la Tunisie, le Maroc et l’Égypte, sont désormais confrontés à une équation particulièrement difficile à résoudre : comment attirer des estivants étrangers dans un contexte sécuritaire tendu ?

L'éco du jour.

Chaque jour, recevez par e-mail l'essentiel de l'actualité économique.

Image