Exposer l’esclavage ?
Comment évoquer un passé d’atrocités sans tomber dans le ressassement victimaire ? Comment honorer la mémoire des victimes tout en proposant autre chose qu’un monument funéraire abandonnant chacun à ses pensées les plus sombres ? Ce sont là les défis posés au Mémorial ACTe.
France, terre d’esclavage
Avec le Mémorial ACTe, qui a ouvert ses portes le 7 juillet à Pointe-à-Pitre, la France a désormais un lieu pour regarder en face son passé lié à la traite négrière. Une histoire encore très mal assumée en métropole comme aux Antilles.
Une partie des défis du Mémorial ACTe se trouve résumée dans cette délicate arithmétique qui consiste à trouver un équilibre, forcément instable, entre passé, présent et avenir. Pour l’heure, la réponse proposée consiste à forcer le dialogue entre pièces de musée et œuvres d’art contemporaines. Ainsi peut-on observer à la fois une chaîne d’esclaves à quatre colliers provenant du couvent vodoun de Dexué à Adounko (Bénin) et des œuvres de l’Américain Sanford Biggers, de l’Haïtien Mario Benjamin ou du Camerounais Pascale Marthine Tayou – entre autres.
Le tout, le long d’un parcours pédagogique qui s’essaie à dire, avec une certaine simplicité, l’histoire de la traite depuis la « découverte » des Amériques. Mais sans doute faut-il chercher ailleurs le futur du Mémorial ACTe : il n’existera que dans son interaction avec les publics qui le feront vivre.
C’est déjà vrai aujourd’hui, avec l’exposition temporaire consacrée à la photographie caribéenne, qui l’ancre dans une production contemporaine à la fois critique et riche, insolente et drôle. Ce le sera encore plus demain si, sous la présidence de Jacques Martial, les arts vivants prennent possession de cet espace et en repoussent les murs bien au-delà des seuls rivages de la Guadeloupe.
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